<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Les 100 000 collabos
ARTICLE D'HISTOIRE MAGAZINE n°6

Il aura fallu attendre 2015 pour qu’un fichier recensant les collaborateurs pendant la Seconde Guerre mondiale soit enfin accessible. Son existence même avait été tenue secrète.
Un temps déclassifié pour les besoins de l’instruction de l’affaire Papon, on s’empressa aussitôt de le mettre sous clef tant son contenu était « explosif ». Dominique Lormier a eu accès à ce document et en a fait un livre. Nous l’avons rencontré…

Entretien avec Dominique LORMIER

Article publié dans Histoire Magazine N°6

Vous avez eu accès au fichier de la collabo- ration qui recense environ 100 000 noms à partir duquel vous avez écrit un ouvrage « Les 100 000 collabos ». De qui s’agit-il précisément dans ce fichier ?
Dominique Lormier : Il s’agit de deux volumes de 1945 de 2 000 pages du ministère de la guerre du Ve Bureau (contre-espionnage de l’armée française) avec les noms de 96 492 « suspects et douteux », concernant surtout la collaboration politique et militaire.

Le parcours de ce fichier est assez particulier, classifié, puis déclassifié au moment du procès Papon, puis de nouveau classifié…
Dominique Lormier : Papon figure en bonne place dans le fichier, mais lors de son procès, il n’a pas été utilisé de peur de dévoiler semble-t-il son contenu explosif avec les nombreux noms cités. Il est en pratique aujourd’hui déclassifié, mais toujours pas accessible ! Je suis le seul à en avoir une copie en France ! L’original se trouve aux archives départemental et municipal de Bordeaux. Il se trouvait à l’origine au centre national Jean Moulin de Bordeaux.

Par qui ce fichier a-t-il été constitué ?
Dominique Lormier : Par le colonel Paul Paillole, un des chefs militaires français du contre-espionnage avant et durant la Seconde Guerre mondiale.

Les activités de renseignement de Paul Paillole l’amènent à constater avant guerre et surtout à partir de 1936-1937 l’action de propagande de l’Abwehr auprès de la presse et de partis politiques…
Dominique Lormier : En effet, il tente de s’y opposer et surtout d’alerter le gouvernement français qui ne l’écoute pas ! Daladier refuse de l’épauler !

Le colonel Paul Paillole (1905-2002) un des chefs militaires français du contre-espionnage avant et durant la Seconde Guerre mondiale qui est à l’origine de la constitution du fichier de la collaboration.

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