par Maxime Tandonnet

« Que Dieu et le peuple se prononcent ! Il faut laisser quelque chose à la providence ! » À la veille de l’adoption de la Constitution de la Deuxième République, le 7 octobre 1848, Lamartine se prononçait par ses mots en faveur de l’élection du président de la République au suffrage universel. Il répondait à ses opposants qui le mettaient en garde contre le risque d’un triomphe électoral de Louis-Napoléon Bonaparte. Le poète romantique obtint gain de cause. Cependant, l’élection du neveu de l’Empereur puis le coup d’État du 2 décembre 1851 et la proclamation du Second Empire donnèrent raison à ses détracteurs…
Le mode de désignation du président de la République a longtemps dominé les débats sur l’organisation des pouvoirs publics. Les lois constitutionnelles de 1875 instaurant officiellement la IIIe République à la suite de la chute du Second Empire ont pourvu le chef de l’État de pouvoirs importants. Cependant, échaudés par l’expérience de 1848, les inspirateurs de la nouvelle Constitution instaurèrent un mode de nomination du locataire de l’Élysée strictement parlementaire. Il était élu pour sept ans à la majorité absolue du Congrès, dans le cadre d’un scrutin à plusieurs tours, réunissant à Versailles le Sénat et la Chambre des députés.
Ainsi privé de la légitimité démocratique qui émane d’une désignation par le peuple au suffrage universel, le président de la IIIe République se voyait supplanté dans le gouvernement du pays par le président du Conseil (premier des ministres), investi par la Chambre et le Sénat puis révocable par ces deux assemblées à tout moment à l’occasion d’un vote de défiance. Le rôle du président de la République devait ainsi se limiter pour l’essentiel au choix du président du Conseil (avant le vote d’investiture), à la présidence formelle du Conseil des ministres et à la représentation de la France à l’international. La IVe République, entrée en vigueur en 1947, a repris des modalités voisines de désignation du chef de l’État, par l’Assemblée nationale et le Conseil de la République (Sénat) lors du Congrès de Versailles.

Ce contenu est réservé aux membres du niveau Abonnement.
Se connecter Abonnez-vous

Articles similaires