
« Le général de Gaulle est loin d’avoir joué un rôle majeur dans cette réforme »
Après 70 ans de pratique, quand on évoque le droit de vote des femmes, il est difficile d’imaginer que ce droit était loin d’être naturel, et rétrospectivement, on est confronté à des clichés persistants qui nient le rôle et le long combat des femmes qu’elles durent mener pour faire bouger les lignes…
Anne-Sarah Moalic Ces clichés sont bien souvent portés par les historiens eux-mêmes, qui balaient d’un revers de manche cette longue lutte. Ils préfèrent s’en tenir à ces clichés, notamment celui expliquant que les femmes auraient voté « pour les curés », reprenant en cela la rhétorique de quelques antisuffragistes du premier 20e siècle. Que les femmes soient des objets historiques leur a longtemps échappé (d’où la nécessité d’une « histoire des femmes », portée par des pionnières comme Michèle Perrot), alors en faire des actrices de l’Histoire…
À la fin du XVIIIe siècle, de nombreuses femmes font entendre des revendications d’égalité entre les hommes et les femmes, dont on trouve trace dans les cahiers de doléance, mais la Convention, en 1793, y met un terme. On pense bien évidemment à Olympe de Gouges qui devient un personnage emblématique de ces revendications…
Il aura fallu attendre le 21e siècle pour qu’Olympe de Gouges devienne une sorte de star de la Révolution… Cela oblige à constater le manque de figure féminine historique dans cette histoire de la Révolution. Passées Olympe de Gouge et Charlotte Corday, on arrive directement aux « Tricoteuses », ces femmes qui assistaient aux procès en tricotant, et qu’on a accusées de se réjouir des condamnations à mort.
Je ne sais pas si tant de femmes réclamaient réellement l’égalité. Peut-être celles qui avaient des biens et se voyaient dépossédées de leur usage… Au-delà de la figure parfois fantasque d’Olympe de Gouge, il ne faut pas négliger le rôle majeur, à cette époque, du philosophe Nicolas de Condorcet, qui, en homme des Lumières, argumente avec finesse sur la question de l’égalité entre les êtres. Ce sont des textes d’une grande modernité.
« …La manière dont George Sand a décliné la proposition d’être candidate a été extrêmement méprisante par rapport aux femmes qui portaient cette idée… »