<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Les dieux des mythes antiques
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Les dieux des mythes antiques

par | Lire en famille, N°13 Histoire Magazine

À lire en famille est une rubrique destinée aux plus jeunes. Les sujets abordés sont en rapport avec les programmes officiels de l’Éducation nationale. Dans cette rubrique, un historien rencontre de vrais enfants et ils discutent d’un sujet choisi par les deux frères. Le récit peut être lus par les enfants, en autonomie, ou bien, c’est encore mieux, être partagé en famille, de 7 à 110 ans!

Article publié dans Histoire Magazine N°13

L’historien— Qu’es- tu en train de lire ?

Pierre-François— “Les petits Mythos”

L’historien—”Les petits mythos” qu’est-ce que c’est ?

Jean-Nicolas— C’est une bande dessinée.

Pierre-François: C’est quand les dieux étaient enfants…

Jean-Nicolas: Oui, mais on apprend plein de choses sur les dieux.

L’historien: Alors qu’apprenez- vous ?

Jean-Nicolas: Les dieux, ils vivaient sur l’Olympe.

L’historien: Oui ; l’Olympe. C’est la plus haute montagne de la Grèce qui dépasse les 2900 mètres de haut.

Pierre-François: Les dieux étaient nombreux ?

L’historien: Dans l’Olympe, vivaient une douzaine de dieux ou déesses principaux, c’est ce les historiens appellent la liste canonique. Ce sont les mêmes en Grèce et dans la Rome antique mais ils ne portent pas les mêmes noms. Chez les Grecs, ce sont : Zeus, Héra, Poséidon, Athéna, Arès, Déméter, Apollon, Artémis, Héphaïstos, Aphrodite, Hermès, Hestia et Dionysos. Chez les Romains, ils s’appellent respectivement : Jupiter, Junon, Neptune, Minerve, Maes, Cérès, Apollon, Diane, Vulcain, Vénus, Mercure et Bacchus. Il faut aussi penser à Hadès (Pluton romain) qui vit dans le monde souterrain. À ce groupe, les Romains peuvent ajouter Janus. Vous connaissez certains dieux ?

Jean-Nicolas: Oui, moi. Il y a Zeus. Il est terrible. C’est le roi de tous les dieux.

L’historien: Zeus. Son nom vient d’un mot antique qui veut dire « soleil ». Son père Cronos ne voulait pas qu’un de ses fils lui prenne le pouvoir. Il a tué ses premiers fils. Sa mère cache donc Zeus. Elle le confie à des nymphes qui l’élèvent dans une grotte dans une île. Devenu adulte, il assassine son père et prend le pouvoir. Il est marié à Héra, mais a eu des enfants avec bien d’autres femmes. C’est le dieu de la justice.

Petits Mythos, volume 10, page 9, case 3. ©”Bamboo-Cazenove-Larbier”

L’historien: Qui connaissez- vous encore ?

Pierre-François: Il y Athéna avec son casque et sa lance.

L’historien: Oui, Athéna est la déesse de l’artisanat mais elle protège aussi les héros et les guerriers. Très aimée en Grèce, elle est la patronne de nombreuses villes, la plus célèbre est Athènes. C’est une des filles de Zeus. Et encore ?

Jean-Nicolas: Poséidon !

L’historien: Dans un poème antique, il est dit :« Chantons d’abord Neptune, dieu puissant, roi des mers, qui fait trembler la terre et la mer inféconde. » Il est le frère de Zeus et est souvent représenté armé d’un trident.

Jean-Nicolas: Et Apollon ! Il est beau et lumineux.

L’historien: Apollon est le seul à conserver son nom chez les Romains. C’est le fils de Zeus, patron des arts, de la raison, du soleil…

Jean-Nicolas: Les dieux ne sont pas très nombreux.

L’historien: En fait, aux divinités olympiennes, il faut ajouter les divinités primordiales : Éon, dieu de l’éternité ; Chronos ; Nésoi, déesse des îles…Encore plus nombreuses sont les divinités agraires : Carmanor pour les moissons ; Dionysos pour la vigne ; Hestia pour le pain… Elles voisinent avec les divinités allégoriques :Aergie pour la paresse ; Até pour les illusions ; Ésa pour le hasard ; Lyssa pour la colère ; Péni pour amour de la pauvreté… D’autres entités sont proches des dieux : les Titans ; les Géants ; les Cyclopes…

Hercule tuant l’Hydre de Lerne par Cort, Cornelis (1533?-1578) Floris, Frans, 1516-1570 Bibliothèque municipale de Lyon (N16COR002814)

Pierre-François: Et Hercule ?

L’historien: Hercule, Héraclès pour les Grecs, n’est pas un dieu ; c’est un héros. Son père est un dieu, Zeus, mais sa mère une mortelle,  Alcème. La femme de Zeus, Héra, le poursuit de sa colère l’obligeant à courir le monde et à livrer bien des combats. Les plus célèbres sont les Douze Travaux durant lesquels il tue, par exemple, l’hydre de Lerne, terrible serpent à neuf têtes. À sa mort, il entre dans l’Olympe.

Pierre-François: Mais comment sait-on tout cela?

L’historien: Il n’y a pas une histoire fixe, définitive, mais des textes divers. Je peux vous citer Hésiode qui, au début du VIIe siècle avant notre ère, a écrit “les Hymnes homériques” ou la “Théogonie”.

Pierre-François: Théogonie ??? Cela ne vient pas du mot dieu ?

Jupiter par Sadeler, Johan, 1550-1600 Vos, Martin de, 1532-1603 Bibliothèque municipale de Lyon (N16SAD008604)

L’historien: C’est vrai. En grec, « théôs » veut dire dieu. Hésiode explique que les muses sont venues murmurer à ses oreilles pendant qu’il faisait paître ses troupeaux. Vivant près de Zeus, elles connaîtraient très bien l’univers des dieux. En fait, il s’est inspiré de mythes très anciens, comme ceux de Babylone, de l’Akkadie avec le “Enuma Elish”, du peuple hittite avec leur “Kumarbi”. Il veut présenter « la race sacrée des immortels toujours vivants ». Donc pour les Grecs, ces dieux sont bien présents parmi le monde des vivants. Leurs univers communiquent.

Petits Mythos , volume 10, page 4, case 5. ©”Bamboo-Cazenove-Larbier”

Jean-Nicolas: Hésiode explique le début de tout ?

L’historien: Au début, il y avait le Chaos, tout était mélangé. Puis apparaissent Gaïa (la terre), Érèbe (le sombre), Éros (le désir). Leur rencontre donne naissance à des choses abstraites : la nuit, le jour, la mort… Pas encore de dieux et d’hommes. Gaïa a un mari, Ouranos(le ciel la nuit). Ils ont des enfants mais leur père refuse qu’ils sortent du ventre de leur mère. Leur fils Cronos coupe le sexe d’Ouranos, libère le ventre de Gaïa permettant la sortie des titans. Leurs enfants seront des dieux. Zeus, par exemple, est le fils de Cronos et de sa sœur Rhéa. Après avoir tué Cronos, Zeus mène une guerre contre les titans. Les cyclopes forgent ses armes. Laguerre dure « dix grandes années divines ». Les titans sont vaincus, les survivants repoussés dans un espace fermé de lourdes portes de bronze.

Jean-Nicolas: Mais Zeus, il est tout seul ?

L’historien: Il est aidé par ses frères et sœurs. Après leur victoire, ils se partagent le monde : Poséidon règnera sur la mer et Hadès sur le monde souterrain. Zeus se réserve le ciel. Mais les guerres ne sont pas finies. Les dieux vont entrer en combat contre les Géants qui veulent délivrer les Titans.

Pierre-François: C’est compliqué. Et ils ne sont pas très sympathiques ces dieux.

Petits Mythos , volume 11, page 25. ©”Bamboo-Cazenove-Larbier”

L’historien: Les dieux ont les mêmes réactions que les humains. Ils aiment et se battent ; ils ont peur et trahissent ; ils mangent et boivent.

Pierre-François: Mais à quoi servent les mythes ?

Petits Mythos , volume 11, page 22 ©”Bamboo-Cazenove-Larbier”

L’historien: Les mythes font rêver, ils racontent de fabuleuses histoires. Mais ils expliquent aussi aux Grecs et aux Romains des secrets.

Jean-Nicolas: Des secrets ?

L’historien: Et oui ! Par exemple ; vous qui savez tout : qui est Perséphone ou Proserpine chez les Romains ?

Pierre-François: Moi, je sais. C’est la fille de Cérès et de Jupiter. Elle est mariée à Pluton qui vit sous la terre.

Pelops et Neptune Bibliothèque municipale de Lyon (F16LEU010287)

L’historien: Et sa mère n’a pas été contente de cette union. Il y a eu de terribles disputes. Finalement Proserpine passe une partie de l’année avec sa mère, l’autre chez son mari. Qu’est-ce que cela veut dire ?

Les enfants: Nous ne savons pas !

L’historien: Déméter est la déesse des récoltes, de la moisson. Elle est parfois appelée la Mère de la Terre. Quand sa fille est chez son mari, elle est triste ; la nature jaunit, s’étiole : c’est l’automne et l’hiver. Quand sa fille vient la voir, elle est heureuse, elle met des couleurs partout, des odeurs dans les champs, des fruits dans les arbres : c’est le printemps et l’été. L’histoire de Proserpine explique le passage des saisons. Une chose compliquée ramenée à une belle histoire.

Jean-Nicolas: Et ainsi on se souvient bien des choses.

Pierre-François: C’est la force des mythes.

Nous tenons à remercier toute l’équipe des “Petits Mythos”, auteur, scénariste et éditeur; un grand merci à Philippe. Merci encore à l’équipe de la bibliothèque municipale de Lyon.

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À propos de l’auteur
Philippe Martin

Philippe Martin

Philippe Martin est professeur d'histoire à l'université Lyon 2 Lumière. Il dirige l'ISERL (Institut Supérieur d'Etudes des Religions et de la Laïcité) et le GIS-Religions du CNRS. En 2007, avec Jean Lanher, il a étudié et publié le récit écrit par dom Loupvent. Il a notamment publié Le théâtre divin. Histoire de la Messe, xvie-xixe siècle. et récemment Les religions face aux épidémies de la peste à la covid-19 aux éditions du Cerf en 2020.
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