FRANCE-IRAN – 500 ans de relations internationales (XVIe – XXIe siècle)
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FRANCE-IRAN – 500 ans de relations internationales (XVIe – XXIe siècle)

par | Géopolitique, N°13 Histoire Magazine

Retracer brièvement l’histoire des relations internationales entre la France et l’Iran sur cinq siècles permet, par-delà de nécessaires raccourcis, d’en saisir les fluctuations essentielles. Cela dit, si l’intérêt multiforme marqué par la République française pour l’Iran depuis le XXe siècle pourrait faire croire à des relations fructueuses depuis le XVIe siècle, date d’une ouverture partielle de l’Iran — de la Perse — aux étrangers, ce serait une erreur: le Royaume de France préféra traiter avec l’Empire ottoman en mettant en place en 1536 le système commercial des Capitulations assurant aux navires français l’accès à tous les ports ottomans et aux chrétiens une protection du Sultan de la Sublime Porte. Ce faisant, il laissa la place aux autres Européens — Vénitiens, Portugais, Espagnols, Anglais et Hollandais — désireux de commercer avec la dynastie persane des Safavides (1501-1722). Les Anglais d’Élisabeth 1re, soucieux de se réserver une voie privilégiée vers les Indes, créèrent ainsi dès 1601 la British East India Company, bientôt talonnés en 1602 par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales cependant que les Portugais s’étaient emparé dès 1515 d’Ormuz sur le golfe Persique ! Et cela, sans qu’en France, Henri IV puis la régente Marie de Médicis réagissent.

Article publié dans Histoire Magazine N°13

Ce ne fut qu’en 1628 que Louis XIII et Richelieu envoyèrent, par l’intermédiaire d’un capucin, le Père Pacifique de Provins, une lettre à Shah Abbas 1er (1587-1629) pour lui demander l’ouverture d’hospices à Ispahan et Bagdad. Hélas, la mission arriva à Ispahan après la mort du shah et la lettre tomba dans les oubliettes.

Il fallut attendre les règnes de Shah Abbas II (1642-1666) et de Louis XIV (1643-1715) pour que s’enclenchent des relations plus suivies entre les deux pays. À la suite d’une dissertation publiée en 1663 d’un certain sieur Poullet, voyageur au Levant et en Perse, sur la manière de concurrencer le commerce anglais et néerlandais en Perse, Louis XIV, sur le conseil de Colbert, signa, le 27 août 1664, la Déclaration du Roi portant établissement d’une Compagnie pour le commerce des Indes orientales. L’année suivante, arrivèrent à Ispahan cinq Français dont trois marchands de la nouvelle Compagnie française des Indes orientales — MM. Beber, Mariage et Dupont — et deux gentilshommes de la Chambre du Roi- MM. de Lalain, de La Boullaye Le Gouz. Malgré leurs rivalités internes et surtout grâce au Père Raphaël du Mans qui usa de son entregent pour rattraper leurs mala- dresses, Shah Abbas II leur accorda en 1665 par firman royal le droit au libreéchange, l’utilisation d’un comptoir à Bandar Abbas et la possibilité de faire du vin à Shiraz pour leurs employés. Ces privilèges furent confirmés lors du règne suivant de Shah Soleyman en 1671, l’année précédente ayant vu la création de la Compagnie du Levant par Colbert. Nombreux furent alors les voyageurs français qui explorèrent un Iran s’ouvrant à eux sous de si bons auspices. L’un d’eux, Jean Chardin, dès son retour en France en 1679, rédigea pour Louis XIV les réponses à cent sept questions sur la Perse.

Enfin, sous le dernier shah safavide de plein exercice, Shah Soltan Hoseyn (1694-1722), un nouveau traité fran- co-persan sur le commerce fut signé en 1708, bientôt suivi d’une grande ambassade persane au Château de Versailles en 1715 où l’ambassadeur de Perse, Mehmet Riza Beğ, fut reçu dans la Galerie des Glaces par un Louis XIV quasi mourant. L’accord de 1708 fut alors complété. Il prévoyait la sup- pression des droits de douane entre les deux pays, un droit de préférence accordé à la France sur les autres pays européens et l’installation à Marseille, plaque tournante du commerce du Levant, d’un consulat persan dont le premier titulaire fut un Arménien de Djolfa, faubourg d’Ispahan, Hagopdjan de Deritchan qui occupa ce poste jusqu’à sa mort en 1726. La plupart des dispo- sitions du traité ne s’appliquèrent ce- pendant pas. La France sortait en effet appauvrie après les quinze années de la guerre de succession d’Espagne, et surtout, Louis XIV mourut peu après la signature de ces accords cependant que l’empire safavide vivait ses dernières années, bientôt abattu par les Afghans en 1722.

1569 : Confirmation par Charles IX et Selim II du Traité franco-ottoman dit des “Capitulations” signé en 1536 par François 1er et Soliman le Magnifique.

Le XVIIIe siècle ne fut pas plus propice à des échanges fructueux entre les deux empires hormis sur le plan intellectuel où l’intérêt français pour la Perse s’accrût. L’Encyclopédie en 1772[1] innova pour sa part en retenant surtout de la Perse, pays lointain peu visité en fait, ses choix économiques. Pour Diderot et des Encyclopédistes, l’activité économique d’un pays était en effet source de progrès pour l’humanité tout entière. Le Chevalier de Jaucourt n’hésita pas ainsi à vanter les capacités d’ingénierie et de commerce des Per- sans «Si le terroir est sec par le défaut de rivières, les Persans par leur travail et leur industrie le rendent fertile dans une grande partie de l’empire». Il évoquait ainsi les nombreux qanats d’irrigation qui alimentaient les cultures maraîchères autour d’Ispahan et les nombreuses fontaines des jardins luxuriants agrémentant les allées publiques et les villas aristocratiques. Il ajoute et plus loin «C’est surtout en Perse que la qualité de marchand a des honneurs et des prérogatives extraordinaires; aussi ce nom ne se donne-t-il point aux gens qui tiennent boutique ou qui trafiquent de menues denrées, mais seulement à ceux qui entretiennent des commis et des facteurs dans les pays éloignés. Ces personnes sont souvent élevées aux plus grandes charges, et c’est parmi elles que le roi de Perse choisit ses ambassadeurs». On en saurait cependant passer sous silence les quelques articles de l’Encyclopédie consacrés au «Sophi de Perse» où est défini le gouvernement monarchique ou despotique et son organisation. Sur Shah Abbas Ier qualifié de «grand homme (…) cependant cruel», Jaucourt conclut «La Perse devint sous son règne extrêmement florissante, et beaucoup plus civilisée que la Turquie ; les Arts étoient plus en honneur, les mœurs plus douces, la police générale bien mieux observée». Et lorsqu’il évoqua l’action de Nader Shah Afshâr qui, supplantant les Safavides, régna jusqu’en 1747 et dont il exécrait la violence, il glissa cette remarque en miroir de la situation du royaume de France «C’est le sort de la Perse que presque toutes ses dynasties commencent par la force et finissent par la faiblesse».

Shah Abbas II (1642-1666) Visite du roi du Turkistan. Fresque du Palais Chéhel Sotoun-Ispahan

Sur le plan des religions, les Encyclopédistes ne furent guère intéressés par l’islâm, encore moins par le chiisme sur lequel, il est vrai, peu d’informations circulaient alors. Ils se penchèrent plutôt sur la religion des Guèbres[2], le mazdéisme, et plus précisément sur sa réforme portée par Zardoust (Zarathoustra). Ce dernier était présenté comme à l’origine de la conscience morale de l’humanité, ce qui ne les empêcha pas de critiquer l’influence désastreuse des mages qui conduisit à la fin de la dynastie des Sassanides, abattue par les Arabes en 651[3]. L’irruption de religieux avides et corrompus — fussent-ils zoroastriens — dans la sphère politique était pour eux un exemple suffisamment explicite pour une critique de fond des religions du Livre[4] postérieures dont l’islam.

La franc-maçonnerie naissante en ce XVIIIe siècle «saisit la balle au bond» et intégra dans ses rites l’image de Zoroastre, prophète-philosophe et surtout figure emblématique du déisme pour elle.

L’un de ses membres, le Chevalier de Ramsay en fit l’éloge dans un roman d’éducation, Les voyages de Cyrus. Jean-Philippe Rameau de son côté créa en 1749 une tragédie lyrique Zoroastre dont Louis de Cahusac, secrétaire du comte de Clermont, Grand Maître de la Grande Loge de France en 1742, fut le librettiste. Voltaire, peu sensible pour sa part aux nouveautés persanes, ne manqua pas de pourfendre le zoroastrisme dans un article ironique de son important Dictionnaire philosophique avec ce jugement définitif : «On ne peut lire deux pages de l’abominable fatras attribué à ce Zoroastre sans avoir pitié de la nature humaine. Nostradamus et le médecin des urines sont des gens raisonnables en comparaison de cet énergumène; et cependant on parle de lui, et on en parlera encore.» Et l’on en resta là.

Carte de la Perse/ Iran. XVIe-XIXe siècle

On aurait pu croire que la Révolution française de 1789 ferait renaître un intérêt plus politique ou économique pour l’Iran. En fait, elle resta fort peu connue des Persans.

Paradoxalement cependant, l’un des fils de cette Révolution, Napoléon Bonaparte, forçait l’admiration des Qâdjârs (1789-1925), la dynastie régnante alors. Et pourtant, devenu empereur, ce dernier les avait fort déçus.

Si, en mai 1807, il avait conclu le traité de Finkenstein avec la Perse pour affronter l’Angleterre et la Russie alors liguées contre lui, il avait abandonné ce projet avant sa ratification officielle, ayant battu les armées du tsar à la bataille de Friedland en juin 1807 et signé, avec la Russie, le traité de Tilsit deux mois plus tard. Dès lors, Napoléon 1er cultiva ses rapports avec les Russes. Le shah et l’empereur s’écrivirent cependant des lettres jusqu’en 1810, puis Napoléon renonça, dans les faits, à son influence en Orient. Encore déçue, la Perse privilégia l’Angleterre avant de comprendre, en 1839, que son alliance avec elle était ruineuse, les Anglais n’ayant qu’un seul intérêt à ses yeux: le leur.

Louis XIV reçoit l’envoyé de la Perse dans la Galerie des Glaces. 19 février 1715. Huile sur toile attribuée à Antoine Coypel

Durant cette période cependant, l’image positive d’un Napoléon conquérant, comparé parfois à Rustam, le héros mythique iranien immortalisé par le poète Ferdowsi, avait subsisté. Ainsi, lorsque Téhéran et Paris se retrouvèrent après 1840, parmi les premiers livres européens traduits en persan figurèrent deux volumes sur la vie de Napoléon ainsi qu’un ouvrage sur l’histoire de France. Profitant de ce retour d’amitié, Louis-Philippe envoya, en Iran, des scientifiques, des armes et des militaires cependant que s’ouvrirent des écoles lazaristes, donc chrétiennes. La révolution de 1848 fut même saluée par Mohammad Shah Qâdjâr qui déclara à un ambassadeur venu de France : « Mon vœu est de voir la France grandir, prospérer et faire rendre justice aux autres nations.» Amir Kabir, Chancelier de l’Empire perse, favorisant les étudiants les plus prometteurs à peaufiner leur formation en Europe. Ces déclarations d’amour ne durèrent cependant pas, la France étant bientôt soupçonnée de faire le jeu des Babistes iraniens, lesquels prêchaient pour une répartition égale des richesses. Ces nuages écartés, la première légation de France à Téhéran fut ouverte en août 1859. Plus tard, dès 1878, la IIIe République, sous la présidence de Mac Mahon et à l’occasion de l’Exposition universelle, reçut somptueusement à Paris Nasser-ed-din Shah Qâdjâr. L’Arc de Triomphe fut pour l’occasion recouvert de tentures aux armes de la Perse et le shah, amoureux de l’Opéra de Paris et surtout de ses danseuses, importa à la cour persane l’usage pour les dames du tutu ! Plus sérieusement, une délégation en Perse du ministère de l’Instruction publique œuvra de 1897 à 1905.

François Mulard, Napoléon reçoit l’ambassadeur de Perse à Finkenstein, 27 avril 1807. Traité de Finkenstein entre Napoléon 1er et Fath Ali Shah (1807). François Mulard

Malgré quelques crises, les relations entre les deux pays se poursuivirent, les idéaux d’une révolution française fantasmée imprégnant peu à peu une intelligentsia sensibilisée par ailleurs par le retour en Iran d’étudiants, initiés dans des loges maçonniques anglaises. Des idées d’égalité et de fraternité naquirent alors, inquiétant un régime impérial très conservateur. Elles débouchèrent sur la révolution constitutionnelle de 1906, combattue par quelques religieux, mais soutenue par des membres de la famille impériale dont la propre fille de Nasser-ed-din Shah, qui avait osé déclarer en 1896, lors des obsèques de son père assassiné : «Je salue la monarchie qui se meurt»! Il en résulta la rédaction de la première Constitution iranienne, inspirée du modèle belge, par les frères Pirnia — Hassan et Hossein —, fils d’un chancelier plutôt libéral et conciliant du shah, et par un jeune érudit, Mohamad-Ali Foroughi. Un certain Ahmad Ghavam y prêta son concours et en calligraphia l’ordonnance qui abolissait la monarchie absolue de droit divin. C’était une première dans un pays musulman, où le shah devait désormais partager ses pouvoirs avec les assemblées élues.

La dynastie qâdjâre n’y survécut pas, l’histoire faisant monter sur le trône en 1925 Reza Shah Pahlavi. Ce der- nier, bien que préférant l’instauration d’une république, aurait cédé sous la pression des religieux de Qom et de Nadjaf craignant que la toute jeune Ré- publique turque de Kemal Atatürk ne contamine l’Iran ! Il garda cependant une volonté inflexible de séculariser le pays.

Une de ses réformes les plus combattues par les mollahs fut le rejet du voile pour les femmes en 1935 et le décret mettant fin à la discrimination entre les chiites et les multiples communautés du pays.

Parallèlement, il se tourna vers la France pour moderniser l’Iran et envoya ses officiers étudier à Saint-Cyr, ses futurs médecins à la faculté de Lyon ; le français fut obligatoirement enseigné dans le supérieur et dans le secondaire ; l’administration en général et le système judiciaire en particulier s’inspirèrent aussi du modèle français cependant que de grands architectes français comme André Godard furent sollicités. La création de l’Académie d’Iran, sur le modèle de l’Académie française fondée au XVIIe siècle, consacra enfin l’importance de la littérature iranienne en 1935.

Les alliés ayant destitué Reza Shah en 1941 sur des soupçons d’intelligence avec les nazis, son fils, Mohammad Reza Pahlavi, malgré sa réserve, le remplaça et poursuivit son œuvre, rompant en février 1942 ses relations avec le régime de Vichy, rétablissant des relations diplomatiques en juin 1942 avec la France combattante du Général de Gaulle, André Godard étant reconnu comme représentant du Gouverne- ment provisoire français à Téhéran jusqu’en avril 1944. Admirateur du Général de Gaulle qui vint en Iran dès 1963, la coopération sur tous les plans se développa entre les deux pays, de nombreux intellectuels ayant étudié en France entrant par la suite dans les gouvernements successifs. Ainsi, durant la révolution blanche des années soixante, entre autres, tout Iranien pouvait être électeur sans distinction de religion ou de sexe et, s’il était élu, prêter serment sur le livre sacré de son choix; on distribua par ailleurs les terres de la couronne à 42 000 paysans cependant que l’on constitua les armées du savoir. Une révolution pour les religieux de Qom — dont un certain Khomeiny — qui protestèrent et une inquiétude sur le plan financier pour les Américains qui, depuis le renversement de Moham- mad Mossadegh, Premier ministre qui voulut nationaliser le pétrole au début des années 1950, s’était immiscés dans les affaires iraniennes.

Le Général de Gaulle et l’impératrice Farah Diba lors de la visite officielle du couple impérial à Paris en 1961. Coll.privée.

Le second président français en visite officielle à Téhéran en 1976 fut Valéry Giscard d’Estaing dont la politique vis à-vis de l’Iran fut ambiguë. On lui dut le lâchage définitif, conjoint avec les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne de l’Ouest, du shah lors de la conférence de Guadeloupe en janvier 1979.

La voie était ouverte pour l’ascension de l’Ayatollah Khomeiny, si encensé par nos plus éminents intellectuels, nouvel homme fort de l’Iran. La France avait sans doute cru tirer bénéfice de cette mutation. Les exécutions sommaires qui rythmèrent bientôt la vie de la nouvelle théocratie signèrent la fin de la partie. L’influence française vola en éclat, tout comme celle des États-Unis. La colonie française fut évacuée en 1981 et l’ambassade de France fermée en 1987 pour rouvrir un an plus tard.

Aujourd’hui, les relations entre la France et l’Iran restent tendues relativement au respect des Droits de l’homme, entre autres. Les manifestations des femmes, consécutives à la mort de Masha Amini le 16 septembre 2022 ont rendu ces relations encore plus délicates. Deux systèmes de pensée s’opposent à nouveau : une démocratie laïque et une théocratie. Deux espaces géopolitiques tentent de trouver de nouvelles marques: l’Occident et l’Orient. Aussi nul ne peut aujourd’hui pronostiquer de l’avenir des relations entre la France et l’Iran sauf à rappeler les liens anciens et respec- tueux que les deux pays ont eus et à souhaiter un retour au dialogue des cultures.

[1] Hassan Foroughi, « La Perse dans l’Encyclopédie » in Margaux Whiskin, Between Fantasy and Philosophy: Saʻdi, Translator of Voltaire’s Zadig, Iranian Studies, 52, 2019, p. 127-142, et Encyclopédie, XII, 417a. [2] Ce fut ainsi qu’ils appelèrent les zoroastriens. [3] La conquête arabe aboutit aussi à l’imposition de l’islam pour une population iranienne partagée auparavant entre le zoroastrisme (majoritaire certes) et le christianisme. [4] On appelle ainsi le christianisme, le judaïsme, l’islam et le zoroastrisme (ce dernier étant trop souvent oublié malgré la publication en français de l’Avesta)

À propos de l’auteur
Yves BOMATI

Yves BOMATI

Yves Bomati, docteur ès lettres et sciences humaines, diplômé de l'Ecole pratique des hautes études, est spécialiste de l'histoire de l'Iran. Il a publié, entre autres, "L'âge d'or de la Perse - L'épopée des Safavides 1501-1722" (éd. Perrin, 2023) et, avec Houchang Nahavandi, "Iran, une histoire de 4000 ans" (éd. Perrin, 2019).
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