Quand Charles VII et Arthur de Richemont créent les compagnies d’ordonnance (1445) !

21 juin 2016 | Moyen Âge

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Quand Charles VII et Arthur de Richemont créent les compagnies d’ordonnance (1445) !

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26 mai 1445 : Charles VII et son connétable, Arthur de Richemont, créent les fameuses compagnies d’ordonnance, premier embryon d’armée permanente au service du roi de France. L’ordonnance de Louppy-le-Châtel (près de Bar-le-Duc) permit ainsi, au passage, de se débarrasser des sinistres écorcheurs qui dévastaient les campagnes et vivaient sur le pays. L’argent étant, comme toujours, le nerf de la guerre, le consentement des états-généraux à lever la “taille des lances” (1439) avait rendu possible cette ambitieuse politique. On convint que chaque compagnie serait placée sous les ordres d’un capitaine nommé par le roi et qu’elle rassemblerait cent lances garnies, chaque lance comprenant un homme d’armes en armure, trois archers, un coutilier et un page. 15 compagnies de gens d’armes furent ainsi formées et la réforme militaire prolongea donc la réforme financière. Ce fut un progrès considérable pour tous. En effet, laissés sans solde durant les trêves, les capitaines semaient d’ordinaire la zizanie et la désolation à travers le royaume lorsqu’ils ne combattaient pas pour le roi. Si une bonne partie de ces capitaines s’étaient illustrés jadis aux côtés de Jeanne d’Arc, ils montraient maintenant une grande indépendance et faisaient peu de cas des ordres royaux. Certains taxaient les populations pour entretenir leurs troupes, d’autres menaient, de leur propre initiative, des combats contre l’Anglais. La population souffrait la plupart du temps cruellement des excès de ces écorcheurs, que l’on nommait ainsi car, bien souvent, on finissait par se retrouver nu après leur passage ! Concrètement, la réforme militaire ne devint possible qu’après la réorganisation des finances royales. Ce fut le préalable indispensable. Jusque-là, le roi devait réunir les états-généraux pour obtenir qu’on lève des impôts. 1439 marqua donc le grand tournant dans l’histoire de la fiscalité dans le royaume. Les nobles, qui combattaient, et les clercs, qui priaient, furent dispensés du paiement de l’impôt. La charge fiscale pesa donc, toute entière, sur les laïcs non-nobles, principalement les masses paysannes. Les états acceptèrent alors que le roi puisse à l’avenir lever l’impôt sans être obligé de s’en remettre à eux. L’impôt permanent était né. Il permit à Charles VII de se constituer une armée permanente.

Pour mémoire, Arthur de Bretagne, comte de Richemont, connétable de France sous Charles VII (depuis 1425), et finalement duc de Bretagne sur ses vieux jours (1457-1458), fut la cheville ouvrière de cette réforme. Présent à Azincourt (1415), où il fut fait prisonnier par les Anglais, Richemont s’illustra notamment en investissant Paris avec ses troupes bretonnes (1436). Il prit également une part active, et déterminante, dans la reconquête de l’Île-de-France (1436-1440) et de la Normandie (1449-1450). Sous son commandement, ses troupes, principalement bretonnes, purent encore intervenir de manière décisive lors de la bataille de ‪Formigny‬ (1450). Richemont fut donc le troisième connétable que la Bretagne donna à la France pendant la guerre de Cent Ans après Bertrand Du Guesclin (sous Charles V) et Olivier de Clisson (sous Charles VI). Très injustement, Richemont demeure moins connu que ses prédécesseurs. L’historiographie française ne lui a guère pardonné ses années passées dans les geôles d’un ennemi anglais qui chercha, à travers lui, à se concilier les armes bretonnes. Fier et ombrageux, il ne s’entendit guère avec Charles VII, au point de connaître des périodes de disgrâce (notamment au profit de Charles de la Trémoille). En tant que connétable des troupes du roi de France, Il fut néanmoins toute sa vie fidèle aux armes françaises et servit les intérêts du roi, parfois malgré lui, entrainant dans son sillage nombre de Bretons. Il est assez amusant de constater parfois à quel point l’historiographie contemporaine emboîte si facilement le pas aux chroniqueurs français du Moyen Âge dans leurs appréciations négatives. Finalement, Charles VII, le Bien-Servi, porte admirablement bien son nom !

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