Si son origine la fait remonter aux Parques antiques et aux nymphes, elle est, en fait, une création littéraire des XIIe et XIIIe siècles. Elle joue deux rôles : fée marraine qui exauce des vœux et fée amante qui attire les hommes. Elle cristallise les archétypes de la féminité. Cette ambiguïté est résumé par le couple Morgane et Mélusine. La première est la femme fatale, celle qui enlève les enfants et les hommes, celle capable de prendre une allure affreuse, celle qui trompe et qui tue ; la seconde est féconde et maternelle, sa magie sauve et épanouit. Au fil des aventures, les fées croisent Lancelot, Edric le Sauvage, Ogier le Danois ou un Géant. Aux mains des théologiens, elles deviennent des auxiliaires de Dieu, comme lorsque Morgue aide Huon à sauver sa femme avec l’aide de Jésus, ou des suppôts de Satan. La « figure de la fée s’assombrit progressivement » (p. 395). Apparaît alors l’enchanteresse, telle Camille, qui est mortelle, n’a plus de pouvoir surnaturel, mais connaît les secrets de la nature ou les tours de magie.
Les fées au moyen âge
par Laurence Harf-Lancner
éditions Honoré Champion
476 p. 2023 55 €