Pour contourner l’obstacle, l’auteur scrute les mots et les regards qu’ils induisent. Il souhaite « partir des mots pour éclairer les choses » (sic p. 15). Le terme « indigence » n’apparaît qu’au XIIIe siècle, « gueux » et « maraud » à la fin du XVe ; celui de « orfanté » (à qui il manque quelque chose) disparaît au XVIIe ; « malheureux » et « méchant » ont longtemps été synonymes, car il désignent celui né sous une mauvaise étoile (male astrucus). Cette étude très soignée montre ce que chaque époque juge ; fabliaux, théâtre, poèmes ou romans donnent chair à ces marginaux. Cela induit « les gestes de l’aumône » (sic p. 159), comment repousser les pauvres ou les aider. Cela débouche sur les politiques d’exclusion ou d’enfermement qui s’épanouissent à l’époque moderne. Le pauvre médiéval est bien différent de celui de notre XXIe siècle : il est marqué par la faim, la guerre et la criminalité ; son sort relève de l’Église pas de l’État. Les « mots sont aussi de l’histoire » (sic p. 11).
vivre la misère
au moyen âge
par Jean-Louis Roch
Les Belles Lettres
249 p. 2023 25.50 €