Prison 77
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Article publié dans Histoire Magazine N°13

De 1975 à 1978, l’Espagne traverse un processus politique fondamental : la transition constitutionnelle. Après la mort de Franco(1975), le roi Juan Carlos 1erœuvre délicatement : le 25 novembre, il gracie 9 000 prisonniers ; mais, le 11 décembre, il confirme le premier ministre Carlos Arias Navarro déjà en poste sous Franco. La période est ambiguë et chacun peine à trouver ses marques. C’est ce climat complexe qu’Alberto Rodriguez présente dans Prison 77. Il a été immédiatement remarqué pour son premier film, El factor Pilgrim (2000), recevant le prix du meilleur nouveau réalisateur au festival de San-Sébastian.

Depuis, il a produit 6 films. Il cumule, à ce jour, 142 récompenses dans divers prix et163 nominations. Prison 77est son huitième opus. Il travaille sur le processus de la transition démocratique en enfermant ses personnages dans la prison de la Modello. Le héros, Manuel, est joué par Michel Herrán connu pour avoir tenu un rôle important dans la célèbre série la Casa de Papel. Son ami Pino, le prisonnier égoïste qui se révèle un humaniste, est incarné par Javier Guttiérez, acteur déjà récompensé par de multiples prix. A la fin du franquisme, alors que dans tout le pays, chacun pense qu’une page est tournée, les prisonniers attendent une amnistie. Beaucoup sont là sans jugement, victime des lois iniques de l’ancien régime ou accusés de crimes politiques. Leur déception est grande quand le personnel de la prison demeure fidèle à ses traditions : coups, brimades. A l’extérieur, les politiques hésitent…Pour se faire entendre, les détenus créent un syndicat, plus de 200prisonniers se tailladent les veines pour attirer la presse et exposer leurs conditions de vie effroyables ; la promiscuité, la violence, l’hygiène déplorable. Puis la mutinerie frappe toutes les prisons. Face à l’inertie des pouvoirs publics, les plus déterminés s’évadent.

Le film qui nous dévoile une page méconnue de l’histoire espagnole, les revendications des prisonniers, et leur combat nous invite à penser aux liens entre prison et monde extérieur. Les deux ne peuvent s’ignorer, ils se reflètent l’un dans l’autre. Des questions qui sont d’actualité.

À propos de l’auteur
Philippe Martin

Philippe Martin

PHILIPPE MARTIN est professeur d’histoire à l’université Lyon 2. Il a dirigé le GIS-Religions du CNRS et l’ISERL (Institut supérieur d’études des religions et de la laïcité). Ses recherches l’amènent à étudier les pratiques religieuses des croyants du xvie siècle à aujourd’hui. Il a publié sur l’histoire des pèlerinages, de la mort et de la messe, plaçant au cœur de son travail l’individu et son comportement.
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