<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Napoléon le dernier romain

3 décembre 2021 | N°9 Histoire Magazine, Napoléon

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Napoléon le dernier romain

par | N°9 Histoire Magazine, Napoléon

Article publié dans Histoire Magazine N°9

La société française au tournant des XVIIIe et XIXe siècles est fortement imprégnée de culture antique, qui s’exprime dans tous les domaines. Le jeune Bonaparte, comme tous les jeunes hommes de sa génération, a une passion pour l’Antiquité. Qui sont ses héros, ses modèles ?

Jacques-Olivier Boudon : La société française au tournant des XVIIIe et XIXe siècles est marquée en effet par une éducation, en tout cas pour les élites, qui fait une large place à l’Antiquité grecque et romaine. On l’aperçoit d’ailleurs au moment de la Révolution française lorsque les révolutionnaires multiplient les références à la République romaine, mais aussi à Athènes qui apparaît comme un modèle de démocratie. On pourra même prendre des prénoms pour un certain nombre d’entre eux imités de l’Antiquité. On pense à Lucien Bonaparte qui prend le nom de Brutus ou à Grachus Baboeuf dont le nom fait référence aux Gracques de la République romaine. C’est un élément indéniable et Napoléon Bonaparte participe de ce mouvement en tant que jeune homme ayant été formé dans les années 1780 au collège de Brienne, puis à l’École militaire. Il a reçu cette culture classique. Il a lu les auteurs antiques, a beaucoup lu Plutarque, vies parallèles, Polybe, Tacite, Tite-Live, Justin, Thucydide, etc. Il connaît bien cette Antiquité et est particulièrement passionné par les figures de militaires. Le conquérant Alexandre, bien entendu, César, qui est sans doute un de ses modèles les plus accomplis. Quand il sera à Sainte-Hélène, il va d’ailleurs écrire un traité sur Jules César, Précis des guerres de Jules César. Depuis son enfance, son adolescence, il est passionné par la figure de César parce que c’est à la fois un conquérant, un chef de guerre, un stratège, quelqu’un qui a su par sa science vaincre ses adversaires et c’est aussi un chef d’État. Plus il avance dans sa carrière, et notamment à partir de la première campagne d’Italie, plus il s’identifie à Jules César jusqu’à d’ailleurs dépasser le modèle, puisque lui va parvenir à conquérir le pouvoir et surtout à rester en vie là où Jules César est assassiné et surtout n’a jamais atteint le niveau d’empereur auquel Napoléon parviendra. Il y a à la fois cette admiration et cette fascination pour un personnage qu’il parvient en quelque sorte à dépasser et Napoléon, à travers tous ces personnages de l’Antiquité, cette volonté de faire mieux.

Napoléon est certes admiratif d’Alexandre le Grand, mais aussi très critique à son égard…

J.-O. Boudon : Oui, il considère qu’Alexandre a fait quelques erreurs. Il lui reconnaît les talents de conquérant, mais, explique -t-il, il avait peu d’obstacles. Il considère que s’il avait mieux manœuvré en allant à la conquête de l’Inde, il serait parvenu à ses fins. Il y a donc cette idée, chez Napoléon, qu’Alexandre n’était pas un très bon stratège. Il savait mener les hommes, il avait des idées d’organisation de l’Empire, mais sur le plan militaire, il aurait pu faire mieux.

À Sainte-Hélène, Napoléon va écrire un traité sur César, son modèle. Et curieusement, il ne se rend jamais à Rome…

J.-O. Boudon : Le fait qu’il ne se soit jamais rendu à Rome est assez conjoncturel. Lors de la première campagne d’Italie, il va pénétrer sur le territoire des états pontificaux et donc s’en approche, il va traiter avec le pape Pie VI — c’est le traité de Tolentino en février 1797. Et ensuite, il fait venir Rome à Paris, avec la venue du pape Pie VII pour le Sacre. En 1810, Rome est déclarée, seconde ville de l’Empire. Des travaux y sont engagés pour la réorganiser, pour faire revivre la Rome de la République romaine au détriment de la Rome chrétienne. C’est à ce moment-là que l’on dégage les ruines antiques, que Napoléon va donner des ordres pour aménager un palais impérial au Quirinal, on voit bien qu’il y a un projet de Napoléon de se rendre à Rome, comme il s’était rendu à Venise, ou à Milan, les années précédentes. Les évènements s’enchaînant par la suite, il n’en trouvera plus l’occasion.

En se penchant sur l’œuvre de César, il cherche à faire écho à ses propres réalisations ?

J.-O. Boudon : Par rapport à César, il est admiratif et compare leurs deux destins d’une certaine façon. Pour Napoléon, c’est d’abord la conquête de l’Italie du Nord. C’est en premier lieu ce qui le rapproche de César. Et puis, il y a la conquête de l’Égypte. Napoléon est admiratif de la manière dont César a pu s’emparer de l’Égypte et se reconnaît une sorte de parallèle avec César sur ce terrain-là. Il faut reconnaître par ailleurs que sur l’Angleterre, il échoue là où César avait réussi. César avait réussi à s’implanter en Angleterre. C’est plus complexe sur la Germanie et sur l’Espagne. Dans les deux cas, Napoléon y est allé, a remporté des victoires, mais qui pour l’Espagne, ne sont pas décisives.

César et Napoléon parviennent tous deux au pouvoir par un coup d’État, mais Napoléon considère qu’il a mieux réussi sur le plan politique puisque lui est parvenu à faire cette synthèse entre l’ensemble des couches de la société, il est très attaché à cette idée de consensus national, là où César a opposé le peuple (ce que Napoléon appellerait la populace) et les élites qui vont se détacher de lui.

Il y a cette idée chez Napoléon que Jules César a manqué cette réunion de l’ensemble de son peuple qui lui aurait permis de prolonger son pouvoir, voire d’accéder à une sorte d’immortalité représentée par un titre éventuellement d’empereur.

Parallèlement, ses contemporains ne manquent pas de faire le rapprochement entre Napoléon et César, son frère, mais bien d’autres…

J.-O. Boudon : Les contemporains vont évidemment comparer les deux destins et il y a en particulier un célèbre pamphlet qui fait le parallèle entre Cromwell, César, Monck et Bonaparte qui va faire couler beaucoup d’encre à la fin de 1800. Il a été inspiré par Lucien Bonaparte qui est alors ministre de l’intérieur, inspiré par Fontanes qui est un proche de Lucien qui est un néo-monarchiste, rédigé par un historien Charles de Lacretelle et ce petit groupe de néomonarchistes se voit la possibilité de conduire Napoléon Bonaparte vers la monarchie. Pourquoi la comparaison avec Cromwell? En raison de la situation anglaise au XVIIe siècle et d’emblée les auteurs balayent l’idée que Napoléon puisse être un nouveau Cromwell ou un Monck pouvant favoriser la restauration d’une monarchie qui serait celle des Bourbons.

Pour Napoléon et ses frères, il n’est pas question qu’il laisse le pouvoir à une autre dynastie que celle des Bonaparte. En revanche, la comparaison avec César doit permettre à Napoléon de favoriser cet avènement de l’empire, avec la distinction que César a permis l’avènement de l’Empire par sa mort alors que Napoléon pourrait de lui-même être l’instigateur de la restauration d’une monarchie de type impériale. On sait que Napoléon était déjà assez séduit par cette idée, mais quand il a vu les remous que provoquait ce pamphlet, en particulier chez Fouché, ministre de la Police, qui a conservé ses attaches jacobines, et pour qui cette idée est impensable, il fait machine arrière. Il va retirer Lucien du ministère et l’envoyer comme ambassadeur en Espagne. On étouffe l’affaire, mais on voit bien que cette comparaison avec César est là et elle annonce dès la fin de 1800 l’instauration de l’Empire de 1804.

Buste de Napoléon par Antoine-Denis Chaudet (1763-1810). Musée Carnavalet. Paris Musées.

Après le coup d’État des 18 et 19 Brumaire, les institutions mises en place s’inspirent des modèles antiques…

J.-O. Boudon : Oui, le consulat d’abord, son nom rappelle la République romaine qui avait à sa tête trois consuls. Le tribunat est une référence directe au tribun du peuple. Lorsque Napoléon fait une réforme administrative en 1800 et instaure des préfectures, il pense naturellement à la Rome antique, de même lorsqu’il crée la Légion d’honneur, la légion par définition est une armée au service du chef d’État, d’autant plus que ces légionnaires sont réunis en cohortes, et donc on voit bien comment le modèle de l’Armée romaine est omniprésent aussi dans cette organisation. La Légion d’honneur est un « bouclier » pour préserver le régime. Il en est de même lorsque Napoléon légifère. Lorsqu’il pacifie sur le plan religieux la France en signant avec le pape le Concordat en 1801, il se voit en un nouveau Constantin qui a contribué à la pacification religieuse en établissant le catholicisme comme religion de l’Empire. Lorsqu’il promulgue le Code civil en 1804, après y avoir beaucoup travaillé, et y avoir beaucoup contribué à la rédaction et la discussion, il se voit comme un nouveau Justinien qui avait favorisé la création d’un code synthétisant l’ensemble des lois de l’Empire. Le code Justinien se retrouve dans le Code Napoléon, il y a un parallèle à faire entre les deux. Et donc, à plusieurs niveaux,

Napoléon s’est vu comme un continuateur des empereurs romains, rappelant toutefois à plusieurs reprises qu’il ne souhaitait pas être comparé aux empereurs romains.

Autant il a laissé faire la comparaison entre César et lui-même, autant il désapprouve une comparaison avec les empereurs romains, car il sait qu’il y a parmi ces empereurs, Caligula, Néron, qui ne sont pas très fréquentables et auxquels n’a pas envie d’y être associé.

Cinq francs Napoléon, 1809. Par NicolasGuy Brenet, graveur en médailles.

Avec l’instauration du régime impérial, quel héritage revendique-t-il?

J.-O. Boudon : En instaurant l’Empire, Napoléon se place dans un héritage qui est multiple, celui d’Alexandre d’abord, des empereurs romains, de Charlemagne et finalement il prolonge ce que l’on appelle la Translatio imperii, c’est-à dire l’idée que l’Empire se perpétue à travers les âges, peut changer de tête, de dynastie, mais cette notion d’empire est toujours présente. Et pourquoi un régime impérial plutôt qu’une monarchie classique, une royauté comme il en existait sous l’Ancien Régime ? Parce que la notion d’Empire est évidemment beaucoup plus vaste. Déjà en 1804, la France domine un territoire qui est beaucoup plus étendu que ne l’était la France d’Ancien Régime, et pourtant, Napoléon va aussi s’inspirer des traditions d’Ancien Régime. Il ne rompt pas complètement avec elle. Il y a aussi un héritage qui passe par cette relation à la monarchie des Bourbons et plus généralement à la monarchie telle qu’elle a existé en France depuis Clovis, d’où cette notion de quatrième dynastie qui vient en appui de la création de l’Empire, la dynastie des Napoléon qui prolonge la dynastie des mérovingiens, des Carolingiens et des Capétiens. Donc on voit bien que finalement c’est un schéma assez complexe qui fait que l’Empire romain n’est pas l’unique modèle pour Napoléon.

Projet pour l’arc de triomphe du Carrousel avec nouvelle entrée du Palais impérial. Vers 1806. Musée Carnavalet. Paris Musées.

Napoléon entend renouer, après l’ère révolutionnaire, avec un pouvoir incarné. Déplacements en région, culte de Napoléon encouragé, il marche dans les pas d’un César… Est-ce pour lui la manière de réunir ce qui faisait la force des deux systèmes, ce qui faisait aussi la force de la République romaine ?

J.-O. Boudon : Napoléon a cherché à incarner le pouvoir, c’est incontestable. Il a pris conscience après dix années de révolution que le pouvoir manquait de « têtes ». C’est une de ses obsessions qui passe par plusieurs gestes, plusieurs comportements, d’abord, il se montre au peuple. Déjà à Paris il n’hésite pas à descendre dans la rue, à participer à des revues, à aller au-devant de la population, à accepter qu’on lui remette des pétitions. Bien sûr, il est protégé, il a une garde rapprochée, mais il aime ce contact et cette idée d’aller au-devant du peuple. Il le fait aussi à travers des voyages organisés sur le modèle des voyages des rois de l’ancienne France, avec un protocole très précis, mais qui lui permet finalement d’abord de tester sa popularité, même si naturellement on a organisé ses voyages pour faire en sorte que la population soit présente, acclame le chef de l’État. Il y a des arcs de triomphe qui sont édifiés. Les notables sont invités à venir à la rencontre de l’Empereur. C’est une manière d’incarner le pouvoir et de se montrer présent. Même s’il n’a pas parcouru l’ensemble des régions françaises, il est allé tout de même dans un certain nombre d’entre elles et parfois assez souvent comme en Normandie ou dans le nord de la France.

Feu d’artifice à l’Arc de Triomphe de l’Etoile. Par Philibert Louis Debucourt vers 1810. Musée Carnavalet. Paris Musées.

Il y a d’autres manières d’incarner le pouvoir, quand il se rend face aux assemblées, avec un trône impérial qui est présent dans les différentes salles, quand il est dans ses palais impériaux, et notamment en région parisienne. On pense à Fontainebleau, à Saint-Cloud, à Rambouillet, et à Compiègne. Il est aussi un souverain qui se déplace avec sa cour. Il y a aussi sa façon de se mettre en scène sur les monnaies. C’est également un élément très révélateur et qui là aussi renvoie à l’Antiquité romaine, car les premières figurations du buste de Napoléon, de sa tête, c’est sous le modèle d’un empereur romain et qui identifie Napoléon sur cette monnaie. Il a désormais le droit de battre monnaie, et c’est la première fois depuis la Révolution. En effet, pendant la Révolution, il n’y avait pas de visage, de personnages sur les monnaies, mais des symboles. Avec Napoléon, dès le Consulat, on retrouve la tête du chef de l’État sur la monnaie, cette tête qui va progressivement être de plus en plus impériale jusqu’en 1807 où on va faire disparaître la mention de « République française », au profit « d’Empire français ». La boucle est bouclée. Napoléon a été vainqueur à Friedland, il a conclu la paix avec le tsar à Tilsit et il peut enfin se comparer aux empereurs de l’Antiquité.

Comme César, Napoléon se doit d’être un héros guerrier. Il en a le génie, il lui faut aussi en devenir un dieu. Tout comme la guerre, l’immortalité nécessite de la stratégie et il s’y emploie ardemment…

J.-O. Boudon : Il a compris qu’il ne pourrait conserver le pouvoir que s’il demeurait un chef de guerre victorieux, ce qui est un trait caractéristique de sa personnalité et qui explique finalement qu’il ait accordé autant d’importances à la guerre. À la guerre, il lui faut non seulement être victorieux, mais montrer aussi qu’il est invincible. Il s’y emploie de diverses manières et en particulier, il va avoir ce talent, au-delà de la stratégie (on connaît bien les talents de Napoléon et sa manière de remporter les victoires) et va laisser entendre que, quoiqu’il arrive, à partir du moment où l’Armée est dirigée par lui, cette Armée ne peut qu’être vainqueur. C’est effectivement ce qui va se produire au moins jusqu’à la fin de la période et à ça, les soldats y sont attentifs. Ils prennent conscience que Napoléon est une sorte de demi-dieu, pour ne pas dire un personnage divin qui est immortel. À partir du moment où il est immortel, où il est protégé des dieux, les soldats se sentent eux aussi protégés. Il ne les empêchera pas pour certains d’être blessés ou de mourir, mais il y a cette impression que Napoléon les protège et sait les mettre en valeur. Une récompense comme la Légion d’honneur va tout à fait dans ce sens. Il s’agit de montrer une construction militaire qui ne peut aller que vers la conquête de la gloire et vers les victoires. On a des exemples assez pertinents, comme lors de la bataille d’Austerlitz, le 2 décembre 1805, Napoléon explique clairement que s’il a gagné, c’est parce que la bataille s’est produite l’anniversaire du jour de son sacre, il bénéficiait d’une sorte de protection divine qui lui a permis de remporter aussi facilement la victoire. Il en est persuadé, il parle très souvent de son étoile, qui n’a pas forcément une dimension religieuse, mais qui laisse penser qu’il croit en une force surnaturelle qui, d’une certaine façon, le protège et le conduit aux victoires.

Quelle ambition, celle de la France ou l’immortalité l’emporte sur l’autre chez Napoléon?

J.-O. Boudon : Je pense que les deux dimensions vont cohabiter pendant un certain temps. Napoléon a une extraordinaire soif de victoires, de conquêtes, d’expansions. Il est sans doute pris dans un engrenage dont il n’a pas mesuré où il le conduirait, mais il est certain que cette idée de dominer l’Europe, voire le monde, est totalement ancrée en lui. Il est un conquérant, et il n’envisage pas de faire une pause, de gérer en bon père de famille le territoire qu’il a conquis.

Et puis, à côté de cela, il y a en effet chez Napoléon l’idée que l’important, ce n’est pas tant les conquêtes qu’il est en train d’opérer, mais plutôt le legs qu’il va laisser. Et donc, il est très attentif à cet héritage, un héritage qui passe par l’impression qu’il va laisser. C’est aussi pour cela que de son vivant il prépare la « légende napoléonienne », …

…par l’écrit, on pense aux Bulletins de la Grande Armée, par l’image, les commandes de tableaux qui vont mettre en valeur ses victoires en sont une illustration. Et donc, il prépare l’avenir, parce qu’il est conscient que pour durer, pour être immortel, non pas au sens classique du terme, il sait qu’il va mourir, mais il sait qu’il peut se prolonger dans l’histoire. Et s’il parle de quatrième dynastie, c’est aussi parce qu’il sait que la dynastie précédente, celle des Capétiens, a eu une très longue durée, il veut se projeter dans l’histoire et léguer un héritage. De ce point de vue, il a dit quelque part qu’une œuvre comme le Code civil lui apparaît plus importante qu’une victoire, parce que le Code civil, pense-t-il, va perdurer, demeurer un texte intangible qui va franchir les siècles. D’une certaine façon, il n’avait pas tort, car même s’il a été amendé, le Code civil est toujours au cœur d’un certain nombre de législations en France et ailleurs.

Ceux qui l’ont côtoyé disaient de lui qu’il avait la tête remplie de rêves. Par ses rêves de grandeur, Napoléon ne cherche-t-il pas à affronter ses héros, à se confronter à eux, à aller au devant des mythes qu’ils représentent ?

J.-O. Boudon : Napoléon est un homme plein de références, un énorme lecteur. Il part en voyage avec une bibliothèque portative. À l’île d’Elbe, il a embarqué une partie de la bibliothèque de Fontainebleau, à Sainte-Hélène, il part avec des livres, il s’en fait livrer également. C’est un gros lecteur qui relit sans cesse la vie de ses héros préférés, notamment des hommes de l’Antiquité, comme César et Alexandre, mais aussi des hommes de guerre ou des conquérants, comme Frédéric II par exemple auquel il va consacrer également un traité. Il a des héros en tête, mais il a toujours cette idée de les dépasser. C’est vrai de César, d’Alexandre, mais aussi de Frédéric II dont il va saisir l’épée lorsqu’il se rend à Berlin ou plus exactement à Postdam et dont il fait cadeau aux Invalides. À partir du moment où il a vaincu les plus grands héros, même si c’est métaphoriquement (pour Iena, par exemple, il déclarera que c’est une revanche par rapport aux défaites françaises au cours de la guerre de Sept Ans), il a dans l’idée qu’en dépassant ses héros qui étaient en effet des mythes pour lui, il atteint à une sorte d’immortalité. Il est plus grand que les plus grands héros dont il rêvait dans son enfance.

NAPOLEON Le dernier Romain De Jacques-Olivier Boudon

Ed. Les Belles Lettres 2021 170 pages 19 €

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À propos de l’auteur
Jacques Olivier BOUDON

Jacques Olivier BOUDON

Jacques-Olivier Boudon, ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure, est professeur d'histoire contemporaine à la faculté des Lettres de Sorbonne Université et président de l'Institut Napoléon. Il est l'auteur d'une quarantaine d'ouvrages consacrés à l'Empire et au XIXe siècle.
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