Napoléon intime
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Photo : par PIERRE BRANDA, historien, responsable du patrimoine et des finances à la fondation Napoléon, auteur de plusieurs ouvrages relatifs au Premier Empire et de la biographie de Joséphine chez Perrin
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Napoléon fut solitaire et le resta jusqu’à son dernier souffle. Emmené sur le continent à l’âge de dix ans loin de sa famille corse, il vécut la fin de son enfance, son adolescence mais aussi sa vie de jeune homme dans une certaine solitude. Puis vinrent le temps des responsabilités et l’envol de sa destinée. Le pouvoir l’isola davantage encore. En outre, bourreau de travail, il aimait et ressentait le besoin de se couper du monde pour vaquer à sa gigantesque tâche. Se mêlant de tout et attentif à chaque détail, cet homme organisé à l’extrême passait de longues heures enfermé dans son cabinet, le cœur de son pouvoir, là où on ne pénétrait pas sauf pour l’assister.

Dans ces conditions, eut-il seulement un ami ?

Sous ce vocable reviennent fréquemment les noms de Bourrienne, Duroc ou Lannes. Trois amis pour une vie aussi rempli, notons d’emblée que le nombre apparaît restreint mais peu importe le nombre si une ou plusieurs relations solides se nouèrent.

Ecartons tout de suite le premier, Bourrienne, longtemps son secrétaire. Après avoir fait partie du tout premier cercle, presque de la famille, une sombre histoire de détournement le fit renvoyer en 1802. Il est des amitiés plus fidèles …

Passons au second, Duroc, l’un de ses premiers aides de camp dont il fit un grand officier de cour. Grand maréchal du palais, il s’acquitta au contact direct de l’empereur de sa tâche avec un dévouement sans bornes. Hormis les domestiques, il fut sans doute le seul à être aussi présent à ses côtés. Quand il disparut mortellement atteint par un boulet lors de la campagne de 1813, Napoléon le pleura et trop atteint, fit même suspendre les opérations militaires. Mais Duroc resta avant tout un serviteur de haut rang, un second fidèle mais soumis aux humeurs de son maître. Il est des amitiés plus franches …

Enfin terminons par Lannes. Le valeureux maréchal fut aussi pleuré par l’empereur quand il succomba à ses blessures lors de la campagne de 1809 contre l’Autriche. Les deux hommes certes se parlaient franchement mais plutôt rarement. Lannes n’était point un confident. Il est des amitiés plus complices …

La complicité avec ce personnage hors normes, justement, nous ne la trouvons qu’avec trois personnages d’une autre envergure : son frère Joseph tout d’abord, sa sœur Pauline ensuite et enfin avec l’impératrice Joséphine. Nés à un an d’intervalle, Napoléon et son aîné furent malgré quelques brouilles vraiment unis. Parmi les sœurs Bonaparte, Pauline fut la plus proche. Admirative de son frère, elle se dévoua en sa faveur avec une constance et une sincérité qui forcent l’admiration. Hormis sa fratrie, Joséphine aussi peut prétendre au titre d’amie, en sus de l’amour qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre. Il y eut donc bien trois amis autour de Napoléon mais à chaque fois existât aussi un lien d’une autre nature, un lien de sang avec les deux premiers et un lien amoureux avec la dernière.

À propos de l’auteur
Pierre Branda

Pierre Branda

Historien, responsable du patrimoine et des finances à la fondation Napoléon, auteur de plusieurs ouvrages relatifs au Premier Empire et de la biographie de Joséphine chez Perrin
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