
Par Sylvie Altar et Régis Le Mer
Durant la Seconde Guerre mondiale, la collaboration, dramatiquement efficace et meurtrière, est le fait d’acteurs variés et multiformes. Stricto sensu, la Milice et la Gestapo sont systématiquement accusées. Mais les témoignages montrent la confusion langagière entre la collaboration officielle d’État et le collabo-banditisme.
À Lyon, les groupes d’action de Krekler, la Ligue antibolchevique d’Henri Couchoud, la bande à Dreux-Sapé, le couple Goetzmann-Benamara etc. sont les extras c’est-à-dire les auxiliaires de l’appareil de répression franco-allemand. Cependant, c’est la « gestapo française », constituée de personnes pour la plupart issues du Parti Populaire Français (PPF) de Jacques Doriot, qui occupe la première place. Au-delà de son appartenance à une formation politique fascisante, ce groupe est composé de figures du petit banditisme qui ont choisi le camp de l’occupant nazi avec lequel les affaires sont juteuses. L’Occupation est une période sans équivalent pour la « voyoucratie » parce que les circonstances d’une société en délitement ont balayé l’État de droit. Fonctionnant comme une « bande », avec ses codes, sa culture, ses valeurs et son chef, Francis André, « l’Équipe » comme on la qualifie alors, marque profondément la cité des Gaules dans une parfaite alchimie entre idéologie dévoyée et cupidité que la loi du plus fort rend possible.
Combien sont-elles les victimes de Gueule tordue et sa bande ? Au moins 120 reconnues officiellement lors du procès de Francis André à la