C’est le pari (un peu risqué) auquel se livre Ivan Jablonka qui entreprend de raconter la vie musicale de Jean-Jacques Goldman de ses timides débuts au début des années 1980 jusqu’à l’arrêt volontaire de sa carrière en 2005. L’auteur prend également soin de préciser que le chanteur des années 1980-1990 est aussi un enfant d’immigrés juifs devenu la personnalité préférée des Français. Dès lors, il s’agit donc tout autant de retracer l’itinéraire de ce chanteur engagé que de s’intéresser au Zeitgeist, l’esprit du moment, qui correspond peu ou prou aux années durant lesquelles François Mitterrand régna à la tête du pays. Il en ressort un patchwork qui n’est pas toujours aisé à suivre, d’autant que l’auteur entrecoupe son récit de considérations sur son propre éveil à la musique de son temps et qui, disons-le, n’apportent pas grand-chose au sujet. On regrettera aussi quelques raccourcis comme par exemple l’assimilation de l’essayiste Philippe Muray à l’extrême droite (p.183).
Au final, un travail dans lequel ne se reconnaîtront pas forcément tout à fait ni les spécialistes de l’histoire culturelle de la fin du XXe siècle, ni même les fans du chanteur qui garde, à ce jour, une place particulière dans l’histoire musicale française de la fin du XXe siècle.
Ivan Jablonka, Goldman, Seuil, La librairie du XXIe siècle, 2023, 21,90 €.