<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> La présidentielle  de 1965 Le duel  de Gaulle-Mitterrand
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La présidentielle de 1965 Le duel de Gaulle-Mitterrand

par | Débats, La folle histoire des élections, N°11 Histoire Magazine

Article publié dans Histoire Magazine N°11

La Constitution de la Vème République n’inclut pas dès 1958 l’élection du Président de la République au suffrage direct. Entre 1958 et 1962, le Président est élu par un collège de 81 754 grands électeurs. Le Président de la République étant la « clé de voûte » des institutions d’après Michel Debré, l’un des principaux rédacteurs de la Constitution, le général de Gaulle a souhaité en changer le mode de désignation pour garantir à ses successeurs une légitimité équivalente à celle que l’Histoire lui avait conférée. À la suite de l’attentat du Petit-Clamart, le Général décide d’enclencher le processus qui mènera à la réforme de 1962, adoptée par référendum. En 1965 se déroule la première élection. Cette première fois verra les débuts des grandes questions qui nous occupent à chaque présidentielle.

L’élection et les médias

Dans cette élection de toutes les nouveautés, en plus du suffrage universel, cette élection est la première relayée entièrement par la radio et surtout la télévision. La moitié des ménages métropolitains possède un récepteur de télévision noir et blanc pour la première chaîne (6,5 millions de postes) et chacun des 6 candidats se voit attribuer deux heures d’antenne aux meilleures heures d’écoute (de 13 h à 13 h 30 et de 20 h 30 à 21 h), réparties selon le principe d’égalité en sept interventions entre le 19 novembre et le 3 décembre, avant-veille du premier tour.

La question des petits candidats

La question des petits candidats n’est pas nouvelle. Elle s’est posée dès le début. Elle fut particulièrement illustrée par Marcel Barbu dont les larmes en direct à la télévision avaient ému les Français de la part d’un chrétien de gauche, bâtisseur de logements sociaux qui laissa son usine à ses ouvriers. Si son score final de 1,15 % fut modeste, il illustra l’élection présidentielle comme rencontre d’un homme et d’un peuple, ce que les constituants voulaient. C’était avant que soient institués les 500 parrainages. Ils étaient 50 à peine en 1958 et 100 en 1962 sur un potentiel de plusieurs dizaines de milliers d’élus.

Marcel BARBU (1907-1984). Candidat indépendant à l’élection présidentielle de 1965.

 

Les six candidats à l’élections et leur score au premiers tour de scrutin : Charles de Gaulle (44,7%), Marcel Barbu (1,15%), Jean Lecanuet (15,6%), Pierre Marcilhacy (1,7%), François Mitterand (31,7%), Jean-Louis Tixier-Vignancour (5,2%)

Le Duel surprise

La totalité de la presse et des sondages donne de Gaulle réélu au premier tour. Les sondages lui donnent entre 66 % et 75 %. Les hésitations tant des socialistes que des communistes à envoyer un candidat dans ce qui paraît être une élection perdue d’avance permettent à François Mitterrand de jouer de son isolement pour s’imposer comme candidat. Profitant de son image d’opposant à la Vème République et à ses institutions, consignée dans son ouvrage « Le coup d’État permanent », il réalise ce qui apparaissait impossible, il met le Général en ballottage.

Affiches de campagne du second tour

Il faut comprendre que le Général de Gaulle ne fait pas de campagne de premier tour. Suivant l’esprit des institutions qui fait reposer le poids de l’équilibre constitutionnel sur le Président de la République, de Gaulle souhaitait un soutien populaire fort et spontané. Le Président doit être un arbitre et un garant de l’indépendance de la Nation et de l’État face au système partisan incarné par le Premier ministre issu de la majorité parlementaire. Mis en ballottage il commencera une campagne de second tour, « devenant gouailleur, plaisant, trouvant des formules originales » selon les souvenirs de Raymond Barre. Il l’emporte largement avec 55,20 %.
Les conséquences de cette élection furent triples. Les alternatives libérales, atlantistes et européistes au gaullisme n’ont pas particulièrement brillé derrière Jean Lecanuet dépassé par François Mitterrand. Les communistes sont pour la première fois depuis la guerre, distancés par les socialistes validant la volonté mitterrandienne d’isoler le Parti communiste en joignant la gauche américaine (le PSU rocardien ou deuxième gauche) et les forces d’extrême gauche : dont VO (qui deviendra LO en 1968) et fractions qui ne se constitueront qu’à partir de 1968 (LCR, GP,…). Le général sera toujours en recherche de légitimité auprès des Français et comprendra que le temps est venu de tenter sa plus grande réforme sociale, la participation. Enfin la Vème République a démontré qu’elle pouvait supporter le pluralisme du débat public loin des légendes sur le régime personnel qui l’avait vu naître.

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À propos de l’auteur
Pierre-Yves Rougeyron

Pierre-Yves Rougeyron

Pierre Yves Rougeyron, historien des idées politiques, spécialiste en intelligence économique, Président du Cercle Aristote, directeur de la revue Perspectives Libres.
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