La CIA et la guerre en Ukraine

Dans une longue enquête publiée le 23 octobre 2023, The Washington Post2 a révélé l’ampleur de l’aide apportée par l’agence de renseignement américaine aux services spéciaux ukrainiens : formation, assistance, livraison d’armes, aide financière, mais aussi fourniture de renseignements et conduite d’opérations clandestines. Le média a ainsi porté à la connaissance du public que depuis 2014, année du coup d’État de Maïdan et du début de la guerre dans le Donbass, la CIA a dépensé des dizaines de millions de dollars pour réorganiser les services ukrainiens, former de nouvelles unités d’action clandestine, fournir des systèmes de surveillance avancés et construire de nouvelles infrastructures afin d’espionner la Russie. L’Agence a également livré à son allié – mais aussi reçu de lui – une quantité impressionnante de renseignements.
Mais parallèlement à cet engagement massif aux côtés de Kiev pour repousser l’invasion russe, The Washington Post(3) et l’hebdomadaire Newsweek(4) insistent sur la préoccupation qui animerait la CIA : limiter les actions trop offensives de Kiev contre la Russie afin d’éviter que le conflit ne provoque une escalade pouvant conduire à un affrontement nucléaire(5).

Les actions de la CIA en Ukraine pendant la Guerre froide

Les liens entre l’Ukraine, les États-Unis et l’OTAN ne remontent pas à février 2022, ni même à 2014. Ils datent de la Guerre froide, période pendant laquelle l’OTAN et l’Union soviétique se livrèrent une intense guerre secrète.
Dès sa création (1947), la CIA a soutenu et financé des organisations ukrainiennes ultranationalistes — ayant collaboré avec le IIIe Reich pendant la Seconde Guerre mondiale — à vocation antisoviétique pour tenter d’affaiblir Moscou. À partir de 1948, la CIA fournit argent, armes et matériel à l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) pour qu’elle mène des missions de renseignement et des actions de sabotage derrière les lignes soviétiques. Cette opération secrète, baptisée Aerodynamic, va prendre une ampleur considérable.
Les évaluations faites par la CIA au début des années 1950 jugent que l’UPA est « un mouvement clandestin bien établi et sûr », pouvant activer près de 100 000 combattants en cas de guerre. Mais les Soviétiques vont s’employer à mettre fin à ses activités : entre 1949 et 1953, un grand nombre de membres de l’UPA sont capturés ou tués. En 1954, la CIA est contrainte d’interrompre le volet paramilitaire d’Aerodynamic, se limitant au renseignement et à la propagande anticommuniste afin de soutenir clandestinement la résistance antisoviétique dans le pays.

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