Thomas Jefferson  (1743-1826)  troisième président des États-Unis

18 juillet 2018 | Chronique, N°1 Histoire Magazine

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Thomas Jefferson (1743-1826) troisième président des États-Unis

par | Chronique, N°1 Histoire Magazine

La chronique de Clémentine Portier-Kaltenbach

Été 1784. Venu en France pour négocier différents traités, Thomas Jefferson succède à Benjamin Franklin à partir de mai 1785 comme ambassadeur des États-Unis. Alors que la France, naguère puissante, a soutenu et financé la guerre d’indépendance américaine, Jefferson découvre un royaume affaibli dont le régime politique est à bout de souffle et qui s’achemine inexorablement vers la plus grande révolution de son histoire. En cinq années passées en France, il va apprendre à connaître et à aimer ce vieux royaume, à l’aube de devenir une jeune Nation.

Mais, pour l’heure, Paris est tout à la joie de recevoir le brillant rédacteur de la Déclaration d’indépendance américaine, et chacun brûle de le rencontrer. Jefferson n’est pas venu seul : jeune veuf depuis deux ans, ( il a alors 41 ans), il est accompagné de sa fille Patsy ; les rejoindront plus tard, Polly, sa fille cadette, et la «fameuse» Sally Hemings, une esclave noire avec laquelle il aura plusieurs enfants après son retour en Virginie, ainsi que des expertises adn effectuées en l’an 2000 en ont apporté la confirmation .

A Paris, après avoir résidé dans plusieurs hôtels particuliers, le nouvel ambassadeur se fixe à l’hôtel de Langeac, (de nos jours 92 avenue des Champs- Elysées). Franklin lui a suggéré de se procurer au plus tôt un «dictionnaire aux cheveux longs», autrement dit, de perfectionner son français «sur l’oreiller»; mais quand on lit Platon dans le texte, que l’on parle parfaitement le latin et l’espagnol en plus de l’anglais, apprendre le français n’est qu’une formalité. En fait d’oreiller, c’est donc finalement sur celui d’une anglaise, une certaine Maria Cosway, que ce fervent protestant, pourtant fort critique sur
les mœurs françaises qu’il juge dissolues, va tenter d’adoucir son veuvage. Autre conseil de Franklin : fréquenter les salons littéraires et les libraires de la capitale, rencontrer les esprits les plus affutés du moment. Pour Franklin, ce fut Voltaire, pour Jefferson, ce seront d’Alembert, Condorcet et Buffon. Il devient aussi associé étranger de l’Académie des inscriptions et belles-lettres et membre, puis président de la Société philosophique américaine fondée par Franklin. Lorsque la Révolution éclate, laissant parler son cœur de républicain, Jefferson contribue au projet présenté par son ami La Fayette au cours
des débats portant sur la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.

Mais un véritable ami de la France, s’il aime brasser les idées, doit aussi aimer le vin ! Là encore Jefferson suit l’exemple de son auguste prédécesseur dont la cave était réputée dans tout Paris. Quand il regagnera les États-Unis, les soutes de son bateau seront pleines à craquer de grands crus qu’il servira généreusement à ses convives lorsqu’il deviendra président des États Unis. Il va même planter dans sa propriété de Monticello en Virginie, des ceps de vigne français qui hélas ne survivront pas à l’expatriation ! Dans ses années parisiennes, Jefferson constitue également une importante collection d’objets : livres, œuvres d’art et meubles bien sûr, mais aussi plantes, graines, et instruments scientifiques. Et quand il dessine les plans de la demeure destinée à recevoir ces collections, il s’inspire du charmant Hôtel de Salm, implanté sur les quais de Seine, qui abrite de nos jours le Musée de la Légion
d’Honneur. Une statue le représentant tenant en mains le plan de Monticello fait face au musée.

De nos jours, on peut encore se procurer un souvenir du Jefferson parisien. Il suffit de se rendre chez Odiot, l’un des plus anciens orfèvres de la capitale. On y vend toujours la timbale en argent d’inspiration étrusque conçue pour lui par Jean-Baptiste Odiot dont il était l’ami. Nixon, en son temps, en offrit six exemplaires au président Pompidou, en hommage à l’amitié franco-américaine. Objet souvenir bien moins onéreux, mais tout aussi symbolique, un simple marron, ramassé du côté de la rue Garancière dans le jardin du Luxembourg. On raconte que les marronniers de ce petit coin du «Luco» sont les rejetons de marrons recueillis à Monticello en Virginie, terre natale de Thomas Jefferson qui aima notre pays au point d’en pouvoir dire «Tout homme à deux patries, la sienne…et la France! »

À propos de l’auteur
Clémentine Portier Kaltenbach

Clémentine Portier Kaltenbach

Journaliste et historienne, Clémentine PORTIER-KALTENBACH collabore à de nombreux journaux et émissions de radio et télévision. Elle est l’auteur d’ouvrages à succès : Grands Z’héros de l’Histoire de France (2010), Les Secrets de Paris (2014), Embrouilles familiales de l’Histoire de France (2016)
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