Livre : LES BORGIA La pourpre et le sang
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Livre : LES BORGIA La pourpre et le sang

par | Livres, N°13 Histoire Magazine, Renaissance

Article publié dans Histoire Magazine N°13

D’origine catalane, la famille Borja va réussir à imposer en trois générations deux papes à la chrétienté : Alonso de Borja i Llançol (1378-1458), puis son neveu, Rodéric Llançol i de Borja (1431- 1503), le futur pape d’Alexandre VI. On pourrait aussi mentionner le cardinal César Borgia (1475-1507), fils du précédent, que Machiavel prendra comme modèle de sa figure du Prince.

Alonso, brillant juriste du roi d’Aragon, réussit à obtenir en 1429 la démission de l’antipape Clément VIII, retiré à Peniscola (l’auteur insère dans son exposé une passionnante histoire du Grand Schisme et de l’exil de la papauté à Avignon). En récompense, il sera nommé évêque de Valence. Élu pape en 1455 sous le nom de Calixte III, il est connu pour sa tentative d’organiser une dernière croisade et pour avoir mis en place un tribunal destiné à réhabiliter Jeanne d’Arc en 1458. Il appela à Rome son neveu Rodéric (Rodrigo), ce qui sera à l’origine de sa carrière ecclésiastique.

Élu pape en 1492, Alexandre VI fut véritablement un homme de la Renaissance. Il possédait une parfaite maîtrise des courants philosophiques de son temps, thomistes comme néoplatoniciens. C’était aussi un fin connaisseur des questions astronomiques, et astrologiques. En 1500, Nicolas Copernic vint en personne donner des leçons de mathématiques et d’astronomie à l’université de Rome et dans le palais du cardinal Farnèse, trésorier général d’Alexandre.

Sur le plan diplomatique, Alexandre tint à marquer la présence de l’Église auprès des grandes cours européennes en substituant l’installation de nonciatures permanentes à l’envoi ponctuel de légats. Les analyses contemporaines mettent de plus en plus en lumière la finesse des pratiques d’Alexandre en matière de politique religieuse à travers un combat permanent pour assurer la libertas Ecclesiae (la «liberté de l’Église») par rapport aux puissances temporelles du temps. Ceci par la création d’un «pouvoir original, spirituel et temporel, appuyé sur une force militaire réelle et une véritable assise territoriale». En somme, un État dans lequel pouvoirs temporel et spirituel sont totalement confondus.

Dans la dernière partie du livre, Boriaud règle son compte à la légende noire des Borgia, dont Victor Hugo est notamment à l’origine au XIXe siècle de la véritable avec sa pièce de théâtre consacrée à Lucrèce.

Au-delà de l’histoire d’une famille, JeanYves Boriaud nous livre ici une histoire captivante de la Rome de la Renaissance avec ses meurtres, ses rivalités et ses intrigues, qui se lit pratiquement comme un roman policier.

LES BORGIA La pourpre et le sang

par Jean-Yves Boriaud Collection Tempus 544 p. 2021 10 €

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Serge GADAL

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