Jean- Clément Martin n’est plus à présenter… Ses ouvrages sur la Révolution Française et la mémoire vendéenne demeurent une véritable bibliothèque pour celles et ceux qui désirent alimenter leur culture historique. Je ne partage pas l’ensemble de ses analyses mais son dernier livre « La Vendée de la mémoire 1800-2018 » est une synthèse éclairée et visionnaire ! Rendons hommage au travail de Jean- Clément Martin qui au-delà des combats idéologiques passés et présents (blancs et bleus s’affrontent encore !) sait faire avancer le débat. En effet, la Vendée de 1793 n’a pas cessé de respirer… elle entretient une mémoire vive, meurtrie, et toujours rattachée à des sujets de société ! Ville contre campagne, droite contre gauche, croyants contre laïcs… Les éternels paradoxes au service des vaincus ! Et la question de Jean- Clément Martin est déjà suggérée : Comment la Vendée a su transformer la défaite en victoire ? Les explications, nombreuses, possèdent pourtant un dénominateur commun : la gestion mémorielle « constructive » et « médiatisée » des horreurs et massacres endurés. Plus précisément, en proposant une image culturelle forte, solidaire et romantique, la Vendée et sa mémoire ont pu miser sur une approche didactique sereine et sans reproche : Tolérance, pardon et fidélité ne peuvent être contestés dans l’inconscient collectif : « les sentiments religieux de Charette… L’engagement familial des La Rochejaquelein et de Lescure, ou encore la modestie rustique de Cathelineau » -comme l’affirme Jean- Clément Martin- participent à cette médiatisation populaire. Et c’est le moment choisi par l’auteur d’évoquer le spectacle du Puy du Fou ! Spectacle devenu pour lui le complice assumé d’une certaine forme de consumérisme culturel, qui a oublié ses fondamentaux … « la Vendée militaire n’est au mieux qu’une référence obligée et plus souvent un prétexte ». Et ce même consumérisme prend différents visages : « que penser des chouans en ceps de vignes ou en fer forgé qui mènent d’improbables batailles sur les manteaux de cheminées de maisons neuves –même quand elles appartiennent à des responsables de la CGT ? ». JC- Martin saisit alors l’occasion de rappeler que politique et culture ne sont jamais éloignées lorsqu’il s’agit de consacrer des personnages de la Vendée militaire, et… les autres : Charette en est la preuve ! Jeanne d’Arc la confirmation ! La mémoire vendéenne sait désormais composer avec l’air du temps, en imposant ses valeurs, son histoire et sa légende… et il est difficile comme le souligne JC- Martin d’anticiper l’avenir –et je n’ai pas évoqué la question du génocide ! – mais une chose est certaine et je reprends les mots de l’auteur : « la Vendée est un prodige ». Lisez ce livre et vous le comprendrez.
La Vendée de la mémoire. De Jean- Clément Martin.
Editions Perrin. Septembre 2019
350 pages. 24 €