MICHEL CHAMARD, historien, ancien directeur du Centre vendéen de recherches historiques et chargé de cours à l’ICES. Il est notamment l’auteur de “La Vendée pour les Nuls” et “Les Guerres de Vendée pour les Nuls” aux éditions First.
Le diocèse de Luçon a célébré en 2017 son jubilé, à l’occasion d’un double anniversaire. Il est en effet né deux fois : en 1317, voici sept siècles, sous le règne de Philippe V (l’un des « Rois maudits » de Maurice Druon), et en 1817, sous Louis XVIII, frère de Louis XVI.
Mais son histoire est bien plus ancienne. Et il a eu son double : l’évêché de Maillezais, fondé en même temps que lui et ancré lui aussi dans ce bas Poitou appelé à devenir le département de la Vendée.
Un nouvel élan missionnaire
Tout au long du XIXème siècle, la Vendée se relève doucement mais sûrement de ses ruines, dans tous les domaines.
Le renouveau religieux est aussi important que celui constaté lors de la Contre-réforme. Un formidable élan est donné par de nouvelles congrégations. Le père Baudouin ouvre à Chavagnes en Paillers, en 1802, le premier séminaire créé en France depuis la fin de l’Ancien régime, ainsi qu’une école de jeunes filles tenue par les religieuses d’une congrégation fondée à son initiative.
Formé par lui, le père Monnereau, curé des Brouzils, fonde la congrégation des Sœurs de Mormaison, chargée d’éducation en parallèle avec celle, montfortaine, des Frères de Saint-Gabriel, créés par le père Deshayes.
Un élan missionnaire donné par les Pères de Chavagnes porte pour plus d’un siècle des centaines de prêtres vendéens à travers le monde. Parmi eux, nombre deviendront évêques sur tous les continents, tels le Chambretaudais Mgr Cousin, premier évêque de Nagasaki et auteur du premier lexique franco-japonais, le Sablais Mgr Pérocheau en Chine, Mgr Hillereau, né à Saint-Philbert-de-Bouaine, à Istanbul… Certains connaissent le martyr en Chine, ou en Corée à l’instar du père Henri Dorie, qui sera canonisé. La Vendée à elle seule en a fourni 700 à travers le monde entre 1850 et 1940, Montfortains, Pères de Chavagnes, Missionnaires de la plaine, membres de la Société des missions étrangères….
Des dizaines d’églises sont restaurées ou reconstruites dans le bocage, grâce aux souscriptions de fidèles qui trouvent les anciennes trop vétustes ou, comme à Chambretaud en 1902, trop petites.
Cette ferveur est plus marquée au nord d’une véritable ligne de démarcation. A la fin du XIXème siècle, moins de la moitié des habitants de la plaine pratiquent régulièrement, contre 90% dans le bocage, où les vocations religieuses foisonnent. De nombreuses familles du bocage comptent un ou plusieurs enfants prêtres ou religieuses.
Mgr Lazare Garnier, au cœur de la société vendéenne
Comme après la « Grande guerre » de 1793, l’Eglise joue un rôle de premier plan dans la Vendée de l’entre-deux guerres, sous l’impulsion d’un évêque dynamique à Luçon, Mgr Lazare Garnier, qui souhaite que les catholiques prennent toute leur place dans la société.
Les mouvements d’Eglise se montrent actifs dans les secteurs d’activités les plus divers, par le canal de patronages animés par de jeunes prêtres, dans le sport (comme en témoignent aux Herbiers le stade Massabielle et le stade Dieu-patrie à Fontenay-le-comte), les activités culturelles (salles paroissiales de théâtre ou de cinéma portant souvent le nom de Jeanne d’Arc, comme nombre d’harmonies et de chorales). La presse d’informations générales elle-même n’est pas oubliée : en 1931, Mgr Garnier crée le journal « La Voix de la Vendée ».
L’enseignement reste l’un des principaux créneaux. En 1925, en réaction contre les menaces que le gouvernement de « Cartel des gauches » fait peser sur les écoles catholiques, 80 000 personnes … Lire la suite