L’histoire de Lorient et celle de la Compagnie française des Indes orientales sont indissociablement liées. Le monopole commercial dont profite la compagnie, entre 1664 et 1790, fait la fortune de Lorient. La cité bretonne, qui vit au rythme du négoce colonial, y trouve son premier modèle de développement et une source inépuisable de rêves d’aventures et d’exotisme. Un musée, installé à Port-Louis dans une citadelle fortifiée, évoque les grandes heures de ce glorieux commerce maritime.
Le contexte
L’histoire de la Compagnie française des Indes orientales s’inscrit dans le cadre plus large d’une mondialisation accrue des échanges commerciaux aux XVIIe et XVIIIe siècles. Le négoce des Européens avec l’Orient est ancien. Durant l’Antiquité, on dépensait déjà des fortunes pour se parer des soieries en provenance d’Asie centrale. Au XIIIe siècle, les récits de voyage de Marco Polo sont venus rappeler l’existence de ce commerce. Toutefois, ce trafic est, au XVe siècle, contrarié par le fait que les anciennes routes commerciales sont désormais contrôlées par les musulmans. Il faut donc en trouver de nouvelles pour se procurer la soie, l’or et les épices des Indes sans avoir à passer par leur intermédiaire. Les progrès de la navigation aidant, les Portugais fondent bientôt de nouveaux comptoirs commerciaux sur la côte africaine. En 1488, on double le cap de Bonne Espérance et Vasco de Gama atteint l’Inde dix ans plus tard. La mainmise des Portugais sur le commerce asiatique est indiscutable. Leur suprématie dure un siècle.
Au tournant des années 1581-1582, l’Espagne annexe le Portugal tandis qu’Anglais et Hollandais deviennent de sérieux concurrents sur la route des Indes. Ils le seront durablement. La Compagnie anglaise des Indes orientales, créée en 1600, poursuivra ses activités jusqu’en 1858. La Compagnie hollandaise s’installera elle-aussi dans la durée (1602-1795).
Ce succès tient d’abord au monopole des relations commerciales dont bénéficient les compagnies et que leur accordent les souverains. Il tient aussi à la rentabilité des expéditions. Le fait est, pourtant, que les investissements sont lourds et qu’il faut patienter plusieurs années avant de bénéficier d’un retour sur investissement, sans parler du caractère aventureux des expéditions ! D’importants capitaux sont donc nécessaires et ils sont immobilisés pour longtemps… En Hollande, entre 1603 et 1605, on lance une souscription qui permet à tout un chacun, détenteur d’une fortune moyenne, d’entrer dans le capital de la compagnie. Ce « modèle » hollandais est une importante nouveauté dans l’Europe du XVIIe siècle. Il est très vite copié par les Anglais inquiets des progrès de la concurrence. En 1613, l’East India Company profite ainsi d’un capital considérable qu’autorise la participation financière des Londoniens et des ports anglais.