Stéphane Bern inaugure, comme il nous l’avait promis, cette nouvelle rubrique consacrée au patrimoine. Après avoir répondu à nos questions, en septembre dernier, à l’occasion des Journées européennes du patrimoine, journées marquées par sa nomination par le chef de l’État, Emmanuel Macron, à la tête d’un groupe de réflexion pour la sauvegarde du patrimoine français, il a accepté de nous parler de cette mission qui vient de lui être confiée.

Propos recueillis par Sylvie Dutot

F.T.H. : Stéphane Bern, vous venez de vous voir confier par le président de la République, Emmanuel Macron, une mission pour le Patrimoine. En quoi consiste-t-elle et qu’attend-on de vous précisément ?

Stéphane Bern : En premier lieu, il s’agit de rencontrer tous les acteurs du patrimoine, y compris les jeunes amateurs de vieilles pierres 2.0, pour me faire remonter les dossiers des chefs d’œuvre en péril de notre pays et qui sont la plupart du temps dans les communes rurales. Il faudra ensuite, avec l’aide du ministère de la Culture, faire des arbitrages et agir là où c’est le plus urgent. Mais aucune catégorie de monument protégé ne sera oublié : jardin, église, château, petit patrimoine vernaculaire, maison d’illustre, monument industriel ou patrimoine ouvrier… Ensuite, il me faudra trouver des sources de financements innovantes pour voler à leur secours.

F.T.H. : Vous allez dresser un inventaire de la situation, lister les dossiers urgents, notamment les éléments de patrimoine menacés de destruction à brève échéance, est-il prévu, pour ces cas précis, d’apporter rapidement des mesures de sauvegarde et des financements « d’urgence » ?

Stéphane Bern : Je constate déjà avec plaisir que la mise en place de ma mission et les efforts de la ministre de la Culture en faveur du patrimoine portent leurs premiers fruits car il y a une mobilisation générale pour sauver le patrimoine en danger de destruction. Il ne m’appartient pas de me substituer aux services compétents du ministère qui répond aux demandes les plus urgentes, mais de réfléchir à ce qu’il faudra faire pour sauver le patrimoine sur une plus large échelle alors que les dotations de l’état aux collectivités locales s’amenuisent et que les propriétaires privés n’ont plus les moyens d’entretenir les monuments dont ils sont les gardiens. Je m’efforce dès maintenant de favoriser une prise de conscience collective des enjeux économiques du patrimoine pour créer des emplois dans les territoires ruraux et relancer la dynamique des villages oubliés.

F.T.H. : Vous allez mener, avec les différents acteurs concernés, les services de l’État, le ministère, la Fondation du patrimoine, associations et bénévoles qui œuvrent tous les jours pour le patrimoine, une réflexion de fond. Avez-vous d’ores et déjà des pistes de financements ?

Stéphane Bern : Oui bien sûr nous travaillons tous ensemble sur des pistes de financement possibles. J’ai repris l’idée qu’avait lancée le maire de Versailles François de Mazières d’un Loto patrimoine comme cela se pratique en Grande-Bretagne pour le National Trust : après tout, c’est la loterie nationale qui a financé autrefois la construction de certains monuments français. Ce n’est qu’un retour des choses ! Mais je veux mener plus loin encore la réflexion pour qu’avec des fondations privées et des partenaires économiques nous puissions pérenniser la sauvegarde du patrimoine. D’une manière ou d’une autre, il faudra aussi créer … Lire la suite 

 

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