Après avoir consacré plusieurs ouvrages aux figures de Danton, Robespierre et Napoléon Bonaparte, Loris Chavanette portraiture un Mirabeau surprenant dans un essai, paru chez Tallandier : Le 14 juillet de Mirabeau. La revanche du prisonnier. Il évoque pour Histoire Magazine la figure controversée du député de Provence. Entretien …
Après votre biographie comparée sur Danton et Robespierre, parue en 2021, vous revenez sur une figure sulfureuse de la Révolution française avec Mirabeau. Pourquoi ce choix ?
Loris Chavanette : Il est vrai que j’ai en quelque sorte commencé mes ouvrages sur la Révolution par la fin. Après une étude sur Napoléon, saisie au moment de Waterloo en 1815, et un livre sur les Thermidoriens, c’est-à-dire à partir de la chute de Robespierre le 9 thermidor an II, je remonte le temps pour saisir le moment 1789 à travers la personnalité orageuse de Mirabeau. Ce dernier disparaît tôt, peut-être même trop tôt, dès avril 1791. Il n’a donc pas eu le temps de mener à terme son projet de clôturer l’événement révolutionnaire, à défaut de lui avoir été la première impulsion dès le printemps 1789. Mirabeau a tant imprimé sa marque au début de la Révolution qu’il en a incarné le souffle inaugural, par son verbe et son geste à la tribune comme orateur du peuple. Vous savez, il y a deux moments solsticiaux de la Révolution qui fascinent toujours autant à travers le monde : c’est la Terreur de 1793 et l’avènement de la liberté durant l’année 1789, rebaptisée même « année sans pareille » ou encore « an I de la Liberté ». Ainsi, je remonte le fleuve pour atteindre la magie du commencement, 1789. Et là, je me suis rendu compte que Mirabeau en était la source vive.
Vous remontez même jusqu’avant 1789, puisque vous racontez le comte deMirabeau depuis ses origines…
C’est très juste. On ne comprend rien à Mirabeau si on ne le prend pas au berceau.