Grouchy à Waterloo
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Pour son engagement à Waterloo et la responsabilité qu’on lui attribue dans la défaite, Grouchy n’en finit plus de comparaître au tribunal de l’histoire. Dans ses Mémoires, Napoléon l’accuse explicitement. Ah, si seulement il avait marché au canon, il serait arrivé à temps à Waterloo et « la victoire était encore certaine ». Au XIXe siècle, sous la plume des historiens, il reste coupable et rares sont ceux qui prennent leurs distances avec la version de l’empereur déchu. L’affaire semble entendue et la réputation du maréchal fort compromise. De récentes études viennent aujourd’hui remettre en cause ce que l’on tenait pour acquis. Exploitant avec recul les sources premières et l’historiographie de l’événement, Pascal Cyr analyse l’engagement de chacun, contextualise la bataille et disculpe Grouchy d’accusations injustes au regard des faits. Une véritable réhabilitation, en quelque sorte… L’auteur en profite aussi pour rappeler à quel point Napoléon, de retour de l’île d’Elbe où ses ennemis l’avaient exilé quelques mois plus tôt, avait besoin de renouer rapidement avec la victoire militaire pour venir à bout de la coalition européenne qui menaçait d’envahir le territoire et raffermir son autorité. Etape par étape, l’historien révèle les ratés de la campagne militaire et dépeint un empereur qui n’est plus l’homme qu’il fut. Il dénonce l’impréparation de l’armée et l’inexpérience de nombreux chefs récemment promus, les tensions qui règnent au sein même du commandement des troupes, les retards et les problèmes de communication qui compliquent les choses, les hésitations et les mauvais choix des uns et des autres, bref, passe en revue tout ce qui conduit à un partage des responsabilités dans la défaite. S’intéressant à Grouchy au lendemain de la bataille, ce qui est assez inhabituel pour le grand public, Pascal Cyr met en lumière son rôle essentiel dans la retraite ordonnée qu’opèrent alors les armées françaises. De son côté, Napoléon, qui a pris conscience de l’ampleur du drame, n’a plus son sort entre ses mains. Ce sera l’abdication et le départ vers l’île de Sainte-Hélène. Et de ce nouveau lieu d’exil, il ne lui restera bientôt plus qu’à tenter d’influer sur le récit de son histoire en dictant ses mémoires pour la postérité et sa gloire future. On connaît la part qui y sera réservée à Grouchy.

Grouchy est-il responsable de la défaite ? Waterloo, 18 juin 1815. De Pascal Cyr. Collection « Illustoria ». Lemme edit. 2015. 112 pages. Cahier iconographique central de 16 pages sur papier glacé. 17,90 €.

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