L’auteur de ce bel ouvrage richement illustré dans une collection désormais classique évoque longuement les différentes hypothèses sur l’origine des Amérindiens. Plusieurs éléments confirment la parenté étroite entre les populations sibériennes et amérindiennes, les premières ayant certainement emprunté la voie du cabotage pour passer le détroit de Béring, mais aussi une voie terrestre le long des côtes (à l’époque de la dernière glaciation, entre -110 000 et -15 000, les côtes étaient à 150 ou 200 kilomètres des côtes actuelles). La conquête du continent américain s’est achevée vers — 8000.
Plus troublant encore, on relève des signes d’échange entre les continents américains et asiatique : « des fragments de poterie japonaise (datant de 5000 ans) auraient été découvertes en Équateur ; l’arachide serait passée d’Amérique du Nord en Chine il y a 2500 ans ; le jade de Chine au Mexique il y a 3000 ans ; la métallurgie de Chine en Équateur il y a 2500 ans… et le maïs du Mexique en Inde il y a 1200 ans. »
La première sédentarisation des populations amérindiennes du nord s’est faite sans agriculture, vers -8000. La ville de Cahokia est ainsi la plus grande cité construite au nord du Rio Grande (15 000 habitants à son apogée). Les premières cultures (maïs, courge et haricot) furent ensuite importées d’Amérique centrale. On observe ainsi une différence de développement entre le nord et le sud du continent, notamment dans le domaine de la métallurgie. Comme l’explique l’auteur, « les relations commerciales sont intenses entre les deux pôles que sont le Nouveau-Mexique et le nord-est de ce qui deviendra les États-Unis.
Les rapports sont déséquilibrés dans la mesure où les peuples des régions du Sud sont pourvoyeurs de produits de qualité tandis que ceux du Nord ne peuvent offrir que des produits de plus faible valeur ajoutée. »
On relève également une forte influence culturelle du Sud (des Olmèques en particulier) sur le Nord, notamment au niveau des mythes et des concepts religieux (le « dieu maïs », le dieu serpent, le mythe de Quetzalcoatl, l’opposition entre l’Étoile du matin et l’Étoile du Soir, le recours aux sacrifices humain quoique dans une moindre mesure…).
La seconde partie du livre relate l’arrivée des premiers Européens en Amérique, en commençant par les Scandinaves un peu avant l’an mil avec Leif Erikson. Elle se termine avec la longue histoire des guerres indiennes jusqu’au XIXe siècle. On assiste à la découverte du Canada par Jacques Cartier en 1534, et au début d’une longue concurrence des Français avec les Espagnols et les Anglais (Walter Raleigh). Jusqu’au début du XIXe siècle, ces trois nations se sont ainsi disputé l’Amérique du Nord : Les Français dans les vallées du Saint-Laurent et du Mississipi, les Anglais sur la côte orientale entre Atlantique et Appalaches, les Espagnols au sud-ouest dans le prolongement de leur conquête du Mexique. Les colonisations espagnole et française entrent violemment en conflit au XVIe siècle (l’amiral français Jean Ribaud est exécuté par les Espagnols en 1565).
Chacun de ces colonisateurs s’est comporté différemment à l’égard des populations locales. La recherche française d’une alliance avec les Indiens et l’indifférence britannique contrastent avec la dureté espagnole. Les Amérindiens en subissent les conséquences. Ainsi, « l’encomienda est une forme de redistribution des terres au profit des conquérants (les encomenderos) qui peuvent exploiter, sans les rémunérer, les populations vivant sur leurs terres (encomendados). » Il s’agit donc d’une forme de servage.