Article publié dans Histoire Magazine N°11
La trace laissée par Paul Doumer dans la mémoire politique collective est des plus furtives. Au mieux, se souvient-on qu’il a été assassiné (en mai 1932) alors qu’il exerçait les fonctions de président de la République depuis moins d’un an. Pourtant, son itinéraire politique est aux antipodes de cet effacement mémoriel. Ce qui ressemble à un cursus honorum comme seule la IIIe République a pu en produire est retracé ici avec précision et rigueur. Sur près d’un demi-siècle, Paul Doumer a exercé les principales fonctions, hormis la présidence du Conseil. Le portrait qui est dressé met en avant plusieurs spécificités qui résonnent encore aujourd’hui : la méritocratie républicaine qui permet à un élu aux origines modestes de gravir tous les échelons (hormis la présidence du Conseil) jusqu’à la magistrature suprême. D’autre part, la volonté farouche de se tenir en lisière des partis politiques. Issu des rangs radicaux, Doumer tentera d’incarner une synthèse durable entre solidarisme et patriotisme. Sa mort tragique marque aussi la fin d’une époque. Celle durant laquelle le modèle républicain a pu s’incarner au travers de figures comme Paul Doumer marquées par l’honneur et la probité.
Paul Doumer. La République audacieuse,
Amaury Lorin
Champ Vallon, 2022, 27€.
