Article publié dans Histoire Magazine N°13
Biographie d’un rat d’hôtel. Les biographies de femmes criminelles sont rares, tout comme les familles qui assument l’héritage de grands-mères terribles et infréquentables. Aussi est-ce un petit événement que cette évocation documentée d’Éléonore Libermann, rat d’hôtel de l’entre-deux-guerres, par sa petite-fille Caroline Oudin-Bastide, titulaire d’un doctorat en histoire.
« Éléonore n’est pas un rat d’hôtel au sens originel du terme : elle ne profite pas du sommeil des clients pour agir. Elle est de ceux qui opèrent le jour, toujours en l’absence de leurs victimes », précise sa descendante.
À Paris, Berlin, Vienne, Amsterdam, Genève, dans toutes les grandes villes d’Europe mais aussi dans les villégiatures cossues comme La Baule, Hyères ou Nice, bijoux et portefeuilles disparaissent mystérieusement des palaces où les clients ont imprudemment laissé traîner leurs valeurs. Peu nombreux sont les limiers qui soupçonnent cette « ravissante petite femme, menue mais faite au tour, un tanagra », née à Kiev et toujours habillée à la dernière mode de Paris… En filigrane de cette vie d’aventurière, une Europe qui marche à la guerre. Entre grande histoire et mémoire familiale, un document à lire l’été, au bar de l’hôtel…
“LA NOMMÉE LIBERMANN Une aventurière européenne (1892-1937)”
par Caroline Oudin-Bastide Maisonneuve&Larose Hémisphères 364 p. 2023 24€
