<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Yvain ou le chevalier au lion. Lancelot ou le chevalier de la Charrette

6 septembre 2024 | Livres, N°14 Histoire Magazine

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Yvain ou le chevalier au lion. Lancelot ou le chevalier de la Charrette

par | Livres, N°14 Histoire Magazine

Article de la revue Histoire Magazine N14

La « Petite Collection » des Éditions Diane de Selliers nous a habitués à donner des textes classiques accompagnés d’œuvres d’art nombreuses et parfaitement mises en pages. Il y a eu l’Éloge de la Folie illustré par les peintres de la Renaissance, les Métamorphoses d’Ovide par des fresques baroques ou les Poésies de Rimbaud par les artistes de la fin du XIXe siècle. Aujourd’hui sont présentés deux œuvres majeures de Chrétien de Troyes écrites vers 1176-1180 : Yvain ou le chevalier au lion et Lancelot ou le chevalier de la Charrette. Les traductions de Philippe Walter et Daniel Poirion sont élégantes, parfaitement adaptées à un lecteur contemporain sans trahir l’esprit médiéval. Un géant est présent, les forêts sont profondes, les banquets joyeux, les sentiments graves. L’exploit, à la guerre ou au tournoi, ainsi que l’amour sont les clés de ces deux textes. Yvan est dévoué à sa dame, Laudine ; Lancelot à Guenièvre, femme du roi Arthur. Ce sont deux parfaits exemples de l’amour courtois. Avant un tournoi, une dame exige de Lancelot qu’il lui jure « de revenir, et en même temps, vous me donnerez l’assurance que j’aurai votre amour » (p.362). Malgré sa vaillance et le nombre de ses exploits, Yvan ne rêve que d’amour : il « avait confié son cœur à l’amour […] Il finirait même par mourir si sa dame n’accordait pas son pardon à celui qui se mourait pour elle. » (p. 210). Il y a également une dimension christique et spirituelle dans ces ouvrages où les symboles sont lourds de sens : la charrette de Lancelot fait penser à celle qui emporte les morts vers l’au-delà ou à la Grande Ourse, parfois surnommée le Char Poucet. Selon Philippe Walter, Lancelot prend les traits d’Hermès libérant Perséphone. Le texte est enrichi de 170 peintures préraphaélites ; mouvement baptisé Gothic Revival qui, au XIXe siècle, accompagne la redécouverte du Moyen Âge. Les œuvres de Burne-Jones, Waterhouse, Spencer Stanhope ou Shaw présentent des personnages tourmentés, des décors d’arbres et de châteaux, des armures étincelantes et des coiffes féminines bien ambigus. Un livre à lire et à parcourir des yeux ; une belle plongée dans une histoire médiévale complexe.

YvaIn. Lancelot
par Chrétien de Troyes

Éditions Diane de Selliers, 2023, 447 pages, 52 euros

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À propos de l’auteur
Philippe Martin

Philippe Martin

PHILIPPE MARTIN est professeur d’histoire à l’université Lyon 2. Il a dirigé le GIS-Religions du CNRS et l’ISERL (Institut supérieur d’études des religions et de la laïcité). Ses recherches l’amènent à étudier les pratiques religieuses des croyants du xvie siècle à aujourd’hui. Il a publié sur l’histoire des pèlerinages, de la mort et de la messe, plaçant au cœur de son travail l’individu et son comportement.
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