Article publié dans Histoire Magazine N°9
21 juin 2021. Ambassade du Portugal

Son Excellence Monsieur Jorge Torres Pereira Ambassadeur du Portugal en France accueille le jury.
La remise du prix d’histoire de l’Europe a bénéficié le21 juin dernier de l’hospitalité de l’ambassade du Portugal. Pointe occidentale de la péninsule européenne, ce pays est au cœur d’une histoire millénaire. Personne n’en doute. J’en apporte toutefois une preuve supplémentaire. Le 13 mai 1662, la princesse Catherine de Bragance, fille du roi Jean IV, débarquait à Portsmouth pour venir épouser le roi Charles II d’Angleterre. Fatiguée par une journée houleuse sur la Manche, elle avait demandé, arrivée à terre qu’on lui serve une tasse de thé. Les courtisans anglais lui apportèrent de la bière blonde; ils n’avaient jamais entendu parler de cette boisson. Les Portugais l’avaient importé de Bombay, escale indienne que le roi du Portugal avait constituée en dot à sa fille. Ainsi, c’est Catherine de Bragance qui a introduit le thé en Angleterre ; elle y a aussi apporté la confiture d’orange, venue de Tanger, autre élément de son extraordinaire dot. Et puis, c’est grâce à son mariage que le commerce du vin de la province de Porto allait faire la fortune de ce vignoble et celle des marchands de Bristol ou de Liverpool. À la fin de sa vie, veuve, retirée à Lisbonne, gouvernant le royaume à la place de son frère malade, le roi Pierre II, elle eut en 1703 à signer le traité de Methu en établissant une alliance perpétuelle entre le Portugal et les couronnes britanniques. Convenez, je vous prie, que la mémoire de cette merveilleuse reine représente assez bien la place du Portugal dans l’histoire des nations de l’Europe. Et même de l’Angleterre.

Le lauréat 2021 Pierre Monnet, Directeur d’études à l’EHESS, Directeur de l’IFRA Franckfort pour Charles IV un empereur en Europe Editions Fayard 2020
Prix d’histoire de l’Europe, 2021.
L’Europe est un petit continent qui se caractérise par des unités de climat, de paysage, de mers poissonneuses, de terres favorables à l’élevage ou l’agriculture et puis de religion chrétienne. Plusieurs fois à travers les âges, les avatars politiques des peuples et des États ont permis la réunion de territoires divers sous une même vaste souveraineté. Au xiv° siècle, alors que les royaumes de France et d’Angleterre et les couronnes ibériques étaient disputés entre des dynasties concurrentes, certains pays de l’Europe centrale ont pu être soumis à un souverain unique qui assurait des années de paix relative et de commerce grâce à la multiplicité de ses titres, roi de Bohême, des Lombards et des Romains, empereur du Saint Empire romain qui sera appelé plus tard germanique du fait de la prédominance de territoires de langue allemande. Ces rares années de stabilité correspondent au règne de Charles IV, de 1341 à 1378. Il réussit en 1356 à établir les procédures, lois ou constitutions réglant l’élection à la couronne impériale. Ce sont les péripéties et la fortune historique de sa vie et de son règne que Pierre Monnet a présenté aux lecteurs français.
Le prince Charles de Bohême, élevé à la cour de France, vaillant chevalier présent à la bataille de Crécy, parlait plus de cinq langues. Pieux et bienfaiteur des églises, il voyageait par devoir dans tous ses royaumes, résidant le plus souvent à Prague, Nuremberg ou Francfort. Ami des arts, il accueillait les artistes, peintres, architectes, sculpteurs, enlumineurs dans ses châteaux tchèques ou allemands.
Magnifique souverain, il devint une figure légendaire du passé de l’Allemagne et aussi bien un héros de la nation tchèque; les versions successives de l’histoire l’ont enfermé dans des images fabuleuses et contraires. Sa tradition est un cas exemplaire des variations, vanités et dérives idéologiques des historiens qui l’enrôlaient dans les idées reçues et les interprétations de leur époque. Au cours de xix° et xx° siècles, on peut deviner quelles transformation sa pu subir le récit de son règne. Sa naissance, sa résidence en Bohême l’ont rangé dans les plus glorieuses annales de la nation tchèque. Il a, plus souvent, et bien sûr dans les années 1930, été le représentant de l’expansion allemande vers l’Est, comme un avant-poste de la germanité. Après1945, les auteurs officiels marxistes l’ont redessiné comme précurseur de la modernité et des vertus des institutions socialistes. L’empereur se trouve aujourd’hui, avec assurément plus de scrupules scientifiques de la part des historiens, relancé dans la longue durée du destin européen, récupéré une fois encore, enjeu de mémoire offert aux regards renouvelés de chaque génération.
Les riches pages conclusives que Pierre Monnet consacre à l’historiographie de Charles IV sont une passionnante démonstration de la plasticité de l’écriture de l’histoire
Prix découverte du Mémorial 2021
Lauréate d’une bourse d’études de la Fondation Napoléon en 2019, Marie-Paule Raffaelli-Pasquini vient de se voir décerner le Prix “Découverte” du Mémorial, grand prix littéraire d’Ajaccio, pour son ouvrage Napoléon et Jésus, L’avènement d’un mythe, paru aux éditions du Cerf .Claude Arnaud est quant à lui lauréat du Prix pour Le mur des ruines (Grasset). Il s’agissait cette année de 44ème édition de ce Prix créé en 1977, et qui a récompensé nombre de grands historiens. Les deux lauréats ont également reçu la médaille de la Ville.https://www.ajaccio.frLa lauréate 2021 du Prix Découverte, Marie-Paule Raffaelli-Pasquini docteure en lettres modernes de l’Université de Corse – Pasquale Paoli
Le Prix Napoléon 1er 2021 vient d’être décerné à Valérie Valeix pour son roman historique Les diamants de Waterloo. Les enquêtes du capitaine Sabre. préfacé par Jean Tulard. Editions Palémon 2021