Le manuscrit retrouvé d’une criminelle de la Belle Epoque. Texte établi par Bruno FULIGNI
Article publié dans Histoire Magazine N°12
«Je voulais être libre», explique-t-elle. Tour à tour entremetteuse, espionne, courtisane, fausse marquise et vraie prostituée, Marie-Justine Pesnel dite «Madame Cent-Kilos» a vécu une existence aventureuse à travers l’Europe de la Belle Époque.
Née à Paris en 1862, mariée trois fois sans prendre le temps de divorcer et poursuivie pour polyandrie, elle escroque, séduit et prospère à la tête d’agences matrimoniales douteuses ou dans les suites des palaces italiens, quand elle ne connaît pas les rigueurs des prisons pour femmes. Pour venger sa sœur, victime d’un coureur de dot, elle plume les messieurs en leur présentant de faux bons partis et en interceptant les bijoux qu’ils leur offrent…
«Puis la vie est difficile aux femmes qui ne veulent céder à personne et ont la prétention de diriger leur existence à leur guise, écrit-elle.L’homme est un être indépendant, la femme est une chose que tous veulent prendre si elle a quelque argent ou quelque beauté. Malheur à elle si, jolie, elle n’a pas pour la soutenir le bras du père, du frère ou du mari. (…) Le diable me posséda sûrement de longues années, et je lui impute la vie abracadabrante que je vais vous conter.»
Impliquée en 1906 dans «l’affaire de Bois-le-Roi», une sombre tentative d’assassinat sur l’un de ses complices, cet Arsène Lupin en jupons se retrouve en prison et s’ennuie:lectrice de Rousseau, elle décide d’écrire ses propres Confessions. «Il m’est venu l’idée de demander au public d’être mon juge. Au moins je suis sûre de l’impartialité de celui-là. Pour juger, il faut connaître. C’est pourquoi j’ai écrit ces confessions sincères et vraies», explique-t-elle. Madame Cent-Kilos nous laisse ainsi un extraordinaire manuscrit, plein de malice et de vitalité, retrouvé et présenté par Bruno Fuligni. Un document exceptionnel et sans équivalent sur cette période.
JC Lattès février 2023 376 pages / 20.90€