Article publié dans Histoire Magazine N°12
Pendant longtemps, le mot « repos » a recouvert bien des réalités : le jour pendant lequel Dieu a contemplé la Création ; le temps infini des morts ; le temps suspendu du mystique; le confinement de l’exilé… Le repos est un temps ambigu. Le poète Rodenbach (1855-1898) se souvient : « Dimanche d’autrefois !Ennui dominical ». D’autres rappellent qu’on interdisait aux jeunes filles de demeurer oisives tant on craignait qu’elles sombrent dans le péché. Repos et oisiveté sont trop souvent mêlés. Au XVIIIe siècle, avec Rousseau qui aime se prélasser dans la nature et le phénomène des villégiatures en bord de mer, amorce un tournant qui s’accélère au siècle suivant qui découvre les ravages de la fatigue. Le repos devient le plaisir de bourgeois qui veulent prendre le contrôle de leur temps, une revendication des ouvriers qui réclament une nouvelle répartition du temps de travail, une nécessité pour des médecins qui pensent que cela peut aider les tuberculeux. Alain Corbin nous rappelle que les sensations ont une histoire.
HISTOIRE DU REPOS
Alain Corbin
Editions Plon- 176 p. 15 €