Article publié dans Histoire Magazine N°13
En 1609, Lancre et d’Espagne sont nommés à la tête d’une commission royale extraordinaire chargée d’instruire les affaires de sorcellerie qui marquent le pays de Labourd. Selon leur témoignage, ils auraient instruit plusieurs centaines de procès et condamné des dizaines de sorciers et de sorcières. L’auteur nous guide dans ce monde obscur fait de sabbats, de dénonciations, de pactes diaboliques et de tortures. L’intervention de marins, furieux de voir leurs proches suspectés, détourne la colère des juges vers des membres du clergé comme le curé d’Ascain accusé d’être un suppôt de Satan. Lancre tirera de son expérience un des plus fameux traité de démonologie. Derrière ces procès, c’est une région complexe qui est scrutée, une zone frontière où bien des gens parlent encore le basque, repliés sur leurs petites communautés. C’est aussi une lutte de pouvoir car les juges royaux critiquent les tribunaux ecclésiastiques qui seraient «des asyles d’impunité» (cité p. 157). Regrettons que le texte ne s’accompagne pas d’une véritable bibliographie sur un sujet qui a déjà été bien travaillé.
“DEUX SIÈCLES DE SORCELLERIE AU PAYS BASQUE. Le diable s’empare des esprits”
par José Cubero Morlaàs, Cairn 182 p. 2023 16 €