<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Entretien avec Éric Teyssier…Napoléon  est revenu !
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Entretien avec Éric Teyssier…Napoléon est revenu !

par | Consulat et premier Empire, Entretiens, Livres, N°2 Histoire Magazine, Napoléon

Article publié dans HISTOIRE Magazine N°2

Eric Teyssier, on vous connaît comme un spécialiste de l’histoire romaine, on vous attendait moins sur le terrain de l’épopée napoléonienne, et pourtant …

Éric Teyssier : Et pourtant j’ai été un historien moderniste dans une autre vie. J’ai soutenu une thèse sur la Révolution et l’Empire dont j’ai tiré mon premier livre en 2000. « L’événement le plus important de la Révolution. La vente des biens nationaux » (CTHS). Il faut dire aussi que j’ai toujours été fasciné par Napoléon. C’est de famille, ma grand-mère était déjà bonapartiste et mon premier voyage à Paris a été avec elle pour visiter le tombeau de
Napoléon. J’ai d’ailleurs conservé un cours à l’université de Nîmes intitulé «Guerres et Révolution en Europe, 1789- 1815, où je parle beaucoup du Ier Empire.

Dans ce roman qui se déroule en 2015, votre personnage, Napoléon revenu à la vie, deux cents ans après son retour de l’île d’Elbe, vient frapper à la porte d’un historien, Adrien Beaussier. Il tente de le confondre, mais d’évidence, c’est lui, le vrai Napoléon…

Éric Teyssier : Oui, je me suis mis dans la peau de l’historien Adrien Beaussier et je me suis demandé comment je pourrais démasquer un éventuel imposteur. Et là… Adrien a échoué… Donc c’était bien le vrai Napoléon.

Comment cela se passe-t-il une fois qu’Adrien est convaincu de l’identité de Napoléon ?

Éric Teyssier : Il se met à son service et Napoléon s’installe chez lui. Cela permet de le confronter à une famille du XXIe siècle avec la femme et la fille d’Adrien. Si son épouse Jacqueline s’agace de cet invité inattendu, Pauline est une jeune étudiante de son temps très portée sur les réseaux sociaux.

J’ai voulu aussi montrer un Napoléon intime. Un homme qui doit s’adapter à une situation extraordinaire mais qui renoue avec ses habitudes du quotidien. On est alors loin de l’épopée héroïque et c’est une façon de le rendre plus humain.

Vos activités dans le domaine de la reconstitution sont bien connues. C’est votre rêve de reconstituteur que de rencontrer Napoléon ?

Éric Teyssier : C’est d’abord un rêve d’historien. J’ai toujours regretté de ne pas avoir assez fait parler mon grand-père qui a fait 14-18 et que j’ai eu la chance de connaître. Alors imaginer la mine de renseignements que pourrait constituer Napoléon en personne, ce serait merveilleux. C’est aussi un rêve de reconstituteur. Je fais dela reconstitution romaine depuis bientôt vingt ans. Mais l’écriture de ce livre m’a amené à me renseigner sur l’univers de la reconstitution du Premier Empire puisqu’il en est question dans le roman. Je me suis ainsi rapproché de Franck Samson qui a incarné l’empereur pendant dix ans jusqu’en 2015. Du coup, cela m’a conduit à franchir le pas pour ajouter un uniforme de grenadier de la ligne à mes panoplies. Il faut dire que j’en avais envie depuis longtemps. La rencontre avec l’association « Le champ du départ » à Golfe Juan puis à Rochefort a été décisive. Depuis, je suis autant « Romain » que « Napoléonien » et c’est un vrai bonheur. Mon groupe reconstitue le 37e régiment de ligne. Avec lui, j’ai pu porter l’uniforme d’un simple grenadier aux Invalides, en Irlande ou à Austerlitz et bientôt à Leipzig. Pour moi, la reconstitution historique, c’est le goût de l’Histoire, l’esprit de camaraderie, faire revivre les lieux de mémoires et le partage de notre passion avec le public. Je me pose d’ailleurs la question du regard que Napoléon pourrait porter sur ces reconstituteurs et les réactions de ces derniers sur un retour de leur Empereur.

Votre Napoléon se montre peu étonné des évolutions technologiques qu’il découvre en 2015 …

Éric Teyssier : Oui, je pense qu’il aurait eu cette réaction. Il ne faut pas oublier que Napoléon est avant tout un scientifique. Un « fort en math » mais qui aimait aussi beaucoup l’histoire, notamment antique. De plus, beau coup d’inventions importantes datent de son époque, comme l’électricité, la machine à vapeur, la conquête de l’air ou le télégraphe Chappe… Il a donc des références auxquelles se rattacher, parfois avec humour.

Napoléon n’est pas revenu seul. D’anciens compagnons l’ont précédé …

Éric Teyssier : On les découvre en effet au fil de l’histoire et ils apparaissent souvent de manière cocasse. C’est aussi une façon de parler de l’entourage de l’Empereur avec des personnages célèbres et d’autres qui le sont beaucoup moins mais qui gagnent à être connus. Même si cela demeure une fiction, j’ai voulu faire un livre didactique et très documenté. Un roman pour ceux qui connaissent bien l’Empire mais aussi pour les lecteurs qui peuvent découvrir cette époque sur un mode ludique.

Le retour de Napoléon n’est pas dû au hasard. C’est donc qu’il a un destin à accomplir …

Éric Teyssier : Il ne sait pas pourquoi il est revenu. Et très vite, il en vient à penser que ce retour à un sens. Dans le contexte de la France de 2015, il ne peut s’agir que de son retour au pouvoir. Mais les choses s’avèrent un peu plus compliquées que pour le coup d’Etat du 18 brumaire.

Cette rocambolesque aventure pleine de rebondissements est à l’image du personnage et de son épopée…

Éric Teyssier : Oui bien sûr, on ne s’ennuie jamais avec Napoléon et le pauvre Adrien Beaussier est vite emporté dans un tourbillon dont il ne va pas sortir indemne.

Une suite est-elle prévue ?

Éric Teyssier : C’est mon premier roman. C’est parti un peu comme une plaisanterie qui aurait pu se réduire à une simple nouvelle. Finalement, je suis allé jusqu’au bout de l’aventure et je suis très agréablement surpris du retour des lecteurs. Alors oui… Il y aura certainement une suite. Napoléon manque déjà à Adrien Beaussier et… J’ai pris goût à l’écriture de fictions historiques.

BIOGRAPHIE
Diplômé en sciences politique, agrégé et docteur en histoire, Éric Teyssier est maître de conférences HDR à l’université de Nîmes. Il y enseigne l’histoire romaine et celle du Premier Empire. Il est l’auteur d’un livre de référence sur les gladiateurs et de biographies remarquées : Spartacus, Pompée et dernièrement Commode publié chez Perrin. Depuis dix ans, il est également le scénariste et le metteur en scène de la grande reconstitution historique des «Grands jeux romains» dans les arènes de Nîmes.

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À propos de l’auteur
Sylvie Dutot

Sylvie Dutot

Sylvie Dutot dirige courageusement Histoire Magazine, un titre de référence qui se démarque pas ses sujets iconoclastes, ses plumes prestigieuses et une identité bien à lui. Malgré les embûches, les difficultés inhérentes au secteur de la presse, la directrice de publication poursuit son aventure sans faillir.
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