Avril 1975. Phnom Pen est envahie par les soldats communistes cambodgiens. Les villes sont vidées de leurs occupants, forcés de partir en travaux forcés dans les campagnes. Vann Nath, un jeune peintre, rejoint sa femme et son fils. Mais les Khmers rouges l’arrêtent. Il est incarcéré au sinistre camp S-21. Il y intègre un petit atelier d’artistes contraints de peindre des portraits de Pol Pot. Après la chute du régime, il est retourné chaque jour au camp S-21, laissé à l’abandon, pour peindre les scènes de la torture subie. Le scénariste Matteo Mastragostino ne cache rien des violences subies. On découvre que chaque prisonnier doit être exécuté, parce que « l’Angkar n’est pas stupide, elle n’interpelle pas d’innocents ». Près de 2 millions de Cambodgiens sont éliminés entre avril 1975 et janvier 1979, soit environ un quart de la population. Le dessinateur italien Paolo Castaldi s’inspire des tableaux de Vann Nath (1946-2011) pour reproduire les scènes de tortures et d’exécutions. L’utilisation de crayonnés rend ses personnages souvent flous, sans contours précis, comme s’ils étaient déjà morts.
Vann Nath : Le peintre des Khmers rouges
De Matteo Mastragostino (scenario) et Paolo Castaldi (dessin)
128 pages, 22 euros. La boîte à bulles.