L’œuvre de Jacques Tardi retraçant le parcours de son père pendant la Seconde Guerre mondiale sort enfin en intégrale. Le récit commence en 1940. Dans son char Hotchkiss H35, René Tardi parvient à détruire un panzer. Sans la moindre pitié, il écrase sous les chenilles des soldats allemands. Puis, le long de la Somme, René est fait prisonnier. Il est emmené au Stalag II B, au nord de l’Allemagne. Désabusé, il conspue autant l’armée allemande que les généraux français. En captivité pendant cinq ans, il souffre de froid, de solitude, de faim, de l’hygiène et de la brutalité des geôliers… Février 1945 : les Russes approchent. Les Allemands emmènent les prisonniers par moins vingt degrés. Après une marche de près de quatre mois, René fait semblant de traîner et parvient à s’évader. À la fin de la guerre, René raconte à son fils Jacques les horreurs de la Libération : la découverte des camps d’extermination nazis, mais aussi les viols commis par les Russes en Allemagne et les Américains en France… Pour réaliser cette fresque, Jacques Tardi s’intègre lui-même dans la bande dessinée, enfant en culottes courtes, pour discuter avec son père. Au pessimisme du père s’ajoutent les idées anarchistes du fils. Jacques Tardi a bénéficié de l’aide de sa fille Rachel, qui a effectué la mise en couleurs, et de son fils Oscar qui a participé à la recherche documentaire et iconographique. Dans ce récit poignant, Tardi montre, quel que soit son drapeau, la noirceur de l’homme.
Moi, René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag IIB —L’intégrale
De Tardi (scénario et dessin).
Éditions Casterman.
480 pages, 37 euros.
