Voici dix ans, nous franchissions le pas, créer notre média pour partager la passion de l’histoire. Christian pensait numérique, et il avait raison. Mais la dématérialisation balbutiait encore. Aujourd’hui elle est partout. L’information, les contenus culturels nous parviennent prioritairement par l’intermédiaire de nos smartphones, et nous vivons dans un univers ultraconnecté, ouvert sur le monde. Espace de liberté ? Rien n’est moins sûr. La période covid nous a ouvert les yeux, sur l’extraordinaire manipulation de masse mise en place alors pour orienter nos choix, nous contraindre à prendre des décisions allant à l’encontre du bon sens. La plupart de nos médias (presse, télévision) ont servi de relais, jour après jour à une propagande, sans aucun recul, tandis que ceux qui mettaient en doute les slogans trop simplistes répétés inlassablement étaient muselés par des « fact-checker » censés démêler le vrai du faux. On a vu resurgir dans le vocabulaire le terme de « complotiste » pour censurer et bannir de l’espace médiatique ceux qui à différents titres osaient s’élever contre la désinformation. Parmi ceux-là, quelques lauréats du « Prix Nobel » se trouvèrent relégués au ban de la société pour avoir exprimé un avis contraire quand bien même ils représentaient jusqu’alors la référence dans leur domaine de compétence. La grande généticienne Alexandra Henrion-Caude nous livre son regard sur la fragilité du statut de Prix Nobel face aux grands intérêts financiers. Exclue des médias traditionnels appartenant à de grands groupes qui captent l’essentiel des subventions, la parole « dissidente » a investi les réseaux sociaux – non sans un contrôle ferme de ces plateformes (Mark Zuckerberg de Meta fera son mea culpa il y a quelques mois quant à la censure pratiquée sur son média)- et a permis l’émergence d’un vrai journalisme alternatif. La manipulation de l’information est de tout temps. Et le dossier spécial réalisé en collaboration avec le CF2R (Centre français de recherche sur le Renseignement) que vous prendrez plaisir à découvrir dans ce numéro relate maints exemples démontrant que la désinformation a toujours été un outil précieux dans la main des gouvernants, de l’Art de la guerre de Sun Ts’eu au spymaster de la reine Elisabeth I. Manipuler l’opinion passe par la désignation de l’adversaire, sa diabolisation. Bruno Dumézil offre une réflexion sur « la barbarie », la définition de cet « Autre », le barbare, tandis que Régis Le Sommier, grand reporter répond sur la diabolisation de l’ennemi et ses effets pervers pour l’Occident. La désinformation concernant la guerre en Ukraine n’est pas passée par nous, nous avons publié plusieurs articles dès 2022 pour éclairer les raisons du conflit, le rôle des États-Unis et cela sans attendre que le New Yok Times déballe tout il y a quelques jours, officialisant ce que jamais vous n’aviez entendu ou lu sur les médias « officiels » français. Le colonel (ER) François-Régis Legrier présente dans ce numéro, une synthèse de ce conflit, aussi objective que possible.
Ce nouveau numéro se distingue une fois encore par la densité et la qualité de ses contributions : 132 pages pour interroger notre mémoire collective autant que notre actualité brûlante. Loin des lectures convenues, il propose des angles inédits, des voix libres, et surtout une volonté d’éclairer — plutôt que d’imposer.
Parmi les textes forts, la tribune signée par Bertrand Scholler mérite une attention particulière. Adressée aux membres du comité Nobel, elle dépasse largement ce cercle : c’est un appel à tous ceux qui, au-delà des clivages et des postures, aspirent sincèrement à la fin des conflits et au retour d’une paix véritable. Ce n’est ni une pétition d’intention ni un manifeste de plus : c’est un message d’espoir ancré dans le réel, une invitation à penser autrement avant de débattre dans le vide ou de s’enfermer dans le silence. Un texte important. À lire, à méditer, à transmettre.
Bonne lecture !
