<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> La guerre de trente ans. Entretien avec Claire Gantet
Article d'Histoire magazine N°14
propos recueillis par Philippe Martin

La Guerre de Trente Ans (1618-1648) est une des grandes oubliées de l’historiographie française. Il s’agit pourtant d’un conflit majeur qui, pour simplifier, oppose deux camps : celui de l’empereur, des princes germaniques et de l’Espagne ; celui de princes protestants allemands aidés par le roi du Danemark, la Suède et la France. Sont en jeu des questions majeures : la place des minorités religieuses dans l’Empire, la nature centralisée ou non du pouvoir de l’empereur notamment… Elle a donné lieu à de multiples discours nationaux. Depuis quelques années, avec le retour des conflits en Europe, elle est redécouverte ; sorte de miroir déformant des guerres actuelles puisque, déjà au XVIIe siècle, se mêlent armées nationales et mercenaires, combats directs et actions de déstabilisation, implications politiques et religieuses. Pour Claire Gantet, professeure d’histoire moderne à l’université de Fribourg, la Guerre de Trente Ans « est en ce sens actuelle » (p. 7).
Elle vient de publier aux éditions Tallandier, La Guerre de Trente Ans (635 p.) remarquable synthèse qui s’affranchit des cadres nationaux. S’y croisent les approches militaires, politiques et économiques, avec la présentation d’une « guerre vécue » (p. 475). Elle se développe sous un « horizon mondial » (p. 19) où une Europe bien complexe se dévoile : « Pour expliquer les enjeux du conflit, il faut assembler et agencer les pièces du puzzle des tensions européennes » (p. 13). Le livre réussit parfaitement à réaliser ce dessin d’un monde confus où règne la violence.

Claire Gantet, comment en arriver à étudier la Guerre de Trente Ans ?
Claire Gantet : En commençant mes études, à l’université Paris I Sorbonne, je suis entrée par hasard dans un amphithéâtre où le professeur Étienne François donnait un cours sur la Guerre de Trente Ans. Il s’appuyait, en particulier, sur le journal intime d’un cordonnier de Ulm plongé dans le conflit. J’ai immédiatement été fascinée par cette approche de l’histoire :

Ce contenu est réservé aux abonnés. Connectez-vous pour y accéder.

Mots-clefs :

À propos de l’auteur
Philippe Martin

Philippe Martin

PHILIPPE MARTIN est professeur d’histoire à l’université Lyon 2. Il a dirigé le GIS-Religions du CNRS et l’ISERL (Institut supérieur d’études des religions et de la laïcité). Ses recherches l’amènent à étudier les pratiques religieuses des croyants du xvie siècle à aujourd’hui. Il a publié sur l’histoire des pèlerinages, de la mort et de la messe, plaçant au cœur de son travail l’individu et son comportement.
La Lettre Conflits

La newsletter d’Histoire Magazine

Voir aussi