On raconte qu’un jour des cannibales décidèrent, au lieu de les dévorer, de conserver quelques prisonniers pour leur service. C’est ainsi que seraient apparus les premiers esclaves.Le mythe n’est pas neutre. Faire coïncider l’esclavage avec la fin d’une prétendue époque cannibale conduit à l’inscrire aux origines des sociétés humaines, à en faire une sorte de« progrès », et donc à le légitimer. La question des origines de l’esclavage est imprégnée de présupposés idéologiques. On peut, comme en géologie, en découvrir les principales couches, parfois doucement superposées les unes sur les autres, parfois emboîtées ou enchevêtrées
Article publié dans Histoire Magazine N°10
Avatar d’âges barbares, résultat de la Chute, ou fruit d’une complexe alchimie?
Trois approches peuvent être distinguées. La première est évolutionniste. Elle se cristallise vraiment au XIXe siècle. Charles Darwin (1809-1892),que l’on connaît pour sa théorie de la sélection naturelle des espèces, est foncièrement opposé à l’esclavage.Aussi est-il intrigué par l’existence de colonies de fourmis dites esclavagistes. Tout indique, en effet, que les fourmis de l’espèce Polyergus rufescens sont incapables de survivre sans le travail de leurs esclaves: elles ne peuvent ni creuser les galeries souterraines de leurs fourmilières, ni même se nourrir seules. Avec l’aide d’autres savants,Darwin arrive à l’idée suivante :les «fourmis amazones» auraient constaté qu’une fois écloses dans leur fourmilière des nymphes prises à l’ennemi s’y activaient comme si elles étaient chez elles, ne conservant apparemment aucun «souvenir» de leur existence antérieure. Cet avantage aurait conditionné l’évolution ultérieure des fourmis amazones, notamment le renforcement de leurs mandibules, devenues fort pointues.À tel point que celles-ci les rendent impropres à pratiquement tout, sauf à leur conférer un avantage incomparable à la guerre en leur permettant de percer le cerveau de leurs ennemis.Pour Darwin, hasard, comportements acquis et processus évolutif expliquaient ainsi le curieux cas des fourmis «esclavagistes». Il n’y avait là rien de «naturel».La théorie évolutionniste est alors aussi mobilisée afin d’expliquer les origines de l’esclavage chez les hommes.
Dans L’évolution de l’esclavage dans les diverses races humaines(1897), Charles Letourneau indique que, ni naturel ni universel, l’esclavage apparaît avec le passage à un stade d’organisation supérieur à celui des premiers regroupements humains : celui des tribus.
Jadis perçus à l’instar d’une réserve de chair (en prévision de sacrifices ou de périodes de disette),les prisonniers sont alors convertis en esclaves. D’un auteur à l’autre, des nuances apparaissent, mais l’idée affirmée par les évolutionnistes est que l’esclavage constitue d’abord un«progrès», avant de devenir un obstacle au développement des sociétés humaines. «Comme toute chose»,écrit Letourneau, «l’esclavage évolue. Dès son origine, il a constitué un très grand progrès sur le cannibalisme, qu’il remplaçait». «Au début», il «n’indique peut-être pas plus d’humanité, mais il dénote plus d’intelligence; il résulte du même acte de prévoyance à long terme, quia fait amasser des provisions, élever des animaux domestiques»(1). Né à l’époque «sauvage», l’esclavage demeure encore présent à l’époque«barbare», lorsque, devenues «un peu plus humaines», les mœurs commencent à être «codifiées en lois traditionnelles ou écrites». À l’étape suivante, «industrielle ou mercantile», l’esclavage et le servage «ont été abolis, mais le salariat, servage déguisé, les remplace».
La croyance en un progrès irréversible nourrit celle de la disparition inéluctable de l’esclavage : moralement, il renverrait à des âges barbares dépassés; économiquement, il conduirait à la ruine (l’exemple du déclin de l’agri-culture romaine du fait de l’arrivée massive d’esclaves sous l’Empire est déjà un cliché); enfin, en abrutissant ses victimes et en corrompant les maîtres, il pervertirait l’ensemble de l’ordre social.Le marxisme, avec sa fameuse théorie des cinq stades (communauté primitive, esclavage, féodalisme, capitalisme, société communiste),reprend à son compte une partie de cet héritage évolutionniste, qu’il retravaille et aseptise en se focalisant sur la dimension économique d’un esclavage perçu, avant tout, comme un mode d’exploitation du travail corrélé à des rapports de production.Une deuxième explication des origines de l’esclavage reformule les choses en inversant le postulat de départ. On n’y passe plus d’âges barbares à un avenir radieux. On débute par une régression suivie par une longue marche vers une possible rédemption.
La Bible donne d’abord le ton : coupables du péché originel,Adam et Ève sont chassés du paradis terrestre. Dans un premier temps, le travail change de forme. De facile et joyeux, il devient dur et pénible. Puis vient l’esclavage des corps, lorsque Noé condamne Canaan, le fils de Cham, à devenir le serviteur de ses frères. Ce qui permet à Augustin d’écrire que cet esclavage-là est une invention humaine, non le désir de Dieu.
Le XVIIIe siècle voit cette première version de la Chute se laïciser.Comme en témoigne l’introduction de l’entrée «esclavage» dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. L’auteur commence par y dresser un historique dans lequel l’esclavage apparaît comme le fruit d’une progressive dégénérescence. «Tous les hommes naissent libres», écrit de Jaucourt, «la nature les avait faits tous égaux». Puis cette servitude s’introduit «par degrés». D’abord parce que le pauvre entre au service d’un plus riche, par «libre consentement» et contrat. Puis la guerre et le droit des armes rendent l’esclavage plus rigoureux et généralisé.Aujourd’hui, les approches se veulent plus scientifiques et plus rétives à l’idée d’un progrès forcément irréversible. Elles n’en restent pas moins imprégnées par cette idée de Chute.L’apparition de l’esclavage est en effet généralement perçue à travers le principe d’un tragique passage entre un avant et une véritable entrée dans l’Histoire. Avec, en arrière-plan, la métaphore de la perte d’une liberté originelle associée à l’entrée de l’homme en société. L’esclavage, dit-on, serait né avec les premières cités-États du Croissant Fertile, l’apparition de sociétés complexes, caractérisées par la spécialisation des fonctions, l’accumulation possible de surplus et leur appropriation inégalitaire.À une époque où les hommes, relativement égaux entre eux, vivaient enharmonie avec la nature et ne travail-laient que fort peu afin d’assurer leur survie, aurait succédé l’entrée dans l’Histoire, avec la sédentarisation, l’agriculture, les inégalités, la guerre, la volonté de dominer la nature, et l’asservissement de l’homme par l’homme. C’est ce que nous dit tout un courant d’anarchistes préhistoriens (l’expression est de Jean-Paul Demoule), depuis Marshall Sahlins jusqu’à David Graeber (2).D’autres nuancent cet idyllique tableau. Christophe Darmangeat montre que la guerre et les inégalités ne sont nullement absentes des sociétés dites premières. Alain Testart s’intéresse aux morts dits d’accompagnement , personnes qui, suicidées ou exécutées, sont ensevelies aux côtés de la dépouille d’un important personnage. Toutes n’étaient pas esclaves, mais une partie l’aurait été.Or, la pratique des morts d’accompagnement est attestée à partir du néolithique. Testart conclut que l’esclavage serait apparu avant les premières grandes «civilisations» deMésopotamie, d’Égypte et de Chine.Peut-être faut-il, aussi, plus simple-ment, faire état de conditions permissives à l’émergence de l’esclavage. Des conditions économiques et sociales, comme l’apparition de sociétés différenciées où il devient possible d’accumuler des surplus et où les inégalités internes et externes (entre sociétés différentes) se renforcent. Mais aussi des facteurs plus culturels, car l’esclavage pose la question de l’altérité. Le politique, aussi, joua un rôle. Avec l’esclavage pour dette, qui est très ancien, une influence économique se voit en effet convertie en un pouvoir sur une personne. À cela, ajoutons le rôle des modes d’organisation sociale.
Là où les hiérarchies sont très rigides, comme dans l’Inde des castes, il ya peu d’esclaves, tout comme dans nos sociétés modernes, où, inverse-ment, la mobilité sociale est à la fois acceptée et réelle.
De ce point de vue, l’esclavage semble renvoyer à une sorte d’entre-deux : à des sociétés hiérarchisées où existe une mobilité que l’on tente de contenir.À cette liste non exhaustive de facteurs, on pourrait encore ajouter la guerre (essentielle pour l’approvisionnement en captifs), une certaine forme de sédentarisation (l’esclavage semble en effet avoir été originellement inconnu des sociétés de chasseurs-cueilleurs, ce qui n’empêcha pas des peuples nomades, à différents moments de l’histoire, de disposer d’esclaves), voire la connaissance de la domestication animale : les peuples qui ne la pratiquaient pas, comme lesAborigènes d’Australie, paraissent ne pas avoir eu d’esclaves. On le voit, l’affaire est loin d’être résolue. La solution du problème des origines de l’esclavage gît encore dans une combinatoire à déchiffrer.
C’est une chose, pour une société, de connaître l’esclavage, et cela en est une autre de le pratiquer sur une grande échelle. D’où ce problème : pourquoi choisit-on, à tel ou tel moment, dans telle ou telle société, de recourir à des pratiques esclavagistes? La question est généralement renseignée à partir de deux cas distincts.Le premier concerne l’Athènes antique. «L’esclavage en tant que tel n’avait pas à [y] être inventé»,écrivait Moses I. Finley, car la chose était familière aux Grecs. Mais, ajoute-t-il,…
…«l’idée radicalement neuve» fut de «faire de l’esclavage, la forme par excellence du travail par autrui». S’étalant sur près d’un siècle, le phénomène aurait débuté vers 594/593 avant J.-C.,…
…au moment où Solon met fin à l’esclavage pour dette.
Diverses réformes auraient ainsi limité les tensions devenues très fortes suite à l’accaparement des terres par les nobles, de prendre en compte les revendications des commerçants et artisans, de souder l’ensemble des citoyens, et de renforcer la puissance militaire d’Athènes. En effet, si tous les citoyens peuvent participer à la vie politique, tous doivent aussi servir la cité en temps de guerre.Avec ses marins, c’est l’infanterie des hoplites, composée de citoyens moins aisés que les cavaliers nobles, qui fait la force d’Athènes.C’est donc au moment où Athènes«invente» la démocratie qu’elle commence à faire venir davantage d’esclaves de l’extérieur. Prisonniers de guerre, personnes achetées à des marchands ou razziées, les esclaves deviennent omniprésents, à la ville comme à la campagne. Qualifiée par les historiens de «paradoxe finleyien», la contradiction peut surprendre. Comment une société peut-elle simultanément devenir plus esclavagiste et se démocratiser? Pour Finley, il n’y a nullement contradiction. C’est parce que la dépendance interne disparaît que l’esclavage externe se développe.Finley privilégie une explication avant tout politique : l’égalité entre les citoyens, gage de la démocratie, porte en germe l’essor de l’esclavage externe. L’explication demeure aujourd’hui incontournable. Même si l’on sait que d’autres facteurs jouèrent un rôle aussi important que le poli-tique : l’essor de l’économie marchande, l’impérialisme athénien et l’image que les Grecs construisirent d’eux-mêmes et du «Barbare»,au moment de leur rencontre avec l’Empire perse.
Le second cas, de loin le plus étudié, concerne l’esclavage de l’Amérique coloniale. Ici, l’explication dominante est plutôt économique. À la suite, notamment de H. J. Nieboer (5), on a d’abord mis l’accent sur la théorie des«richesses naturelles ouvertes» pour expliquer que seul l’esclavage pouvait contribuer à la «mise en valeur» de territoires vastes et peu peuplés, du fait de la formidable dépopulation qui suivit l’arrivée des premiers colons européens. Mais l’explication s’avéra insuffisante, puisqu’une pénurie de population comparable en Australien’a pas conduit au même résultat.L’idée de l’élasticité de l’offre africaine en esclaves (c’est-à-dire son adaptation à la demande américaine en captifs) fut aussi mise en avant.
Surtout, on insista sur l’importance que constitua le choix de la grande plantation dont l’essor nécessitait une main-d’œuvre nombreuse, relativement bon marché, et sans réel espoir de promotion. D’autres sources potentielles de main-d’œuvre se raréfièrent alors, à l’instar de celle des engagés blancs, qui avaient joué un rôle important dans les premiers stades de l’exploitation agricole duNouveau Monde. Cela n’est donc pas une coïncidence si le décollage sucrier américain coïncida avec celui de la traite par l’Atlantique.Il n’en reste pas moins que de nombreux autres facteurs jouèrent aussi un rôle.
Le fait que l’esclavage n’avait pas disparu d’Europe méditerranéenne à la fin du Moyen Âge a pu influer sur le recours à une main-d’œuvre servile aux Amériques.
Quant au choix du système de la grande plantation, il n’était pas donné d’avance. Il résulta en partie de l’affirmation, en Europe, de doctrines mercantilistes mêlant des conceptions à la fois économiques et politiques. Tout cela pour dire que le paradigme économique ne peut à lui seul rendre compte de l’essor de l’esclavage aux Amériques, pas plus que le politique ne peut, seul, expliquer le renforcement de l’esclavage à Athènes.
Qu’est ce qu’un esclave?
L’enquête n’est pas terminée. Rendre compte des origines de l’esclavage dépend en effet de la définition que l’on en retient. D’autant que, comme l’écrivait Friedrich Engels, en 1878, si l’on veut combattre l’esclavage, il faut savoir en quoi il consiste. Or, on a aujourd’hui tendance à qualifier d’esclavage toute expérience mutilante de la liberté. Extrêmement large, cette approche conduit à qualifier d’esclaves «modernes» des victimes de délocalisations industrielles. Inversement, de manière restrictive, l’esclave est souvent réduit à la seule figure du travailleur dit productif. La réalité est plus complexe.
C’est en 2014(6), que je me suis intéressé à cette question. Il y avait bien, et il y a encore, des explications toutes faites et mono causales. Mais aucune ne tient la route. Premier exemple, l’esclavage serait entièrement soluble dans l’économie. Pourtant, en Guadeloupe, à La Réunion et la Guyane, à la fin du XVIIIe siècle, 40 à 48% des esclaves ne sont pas vraiment aptes au travail, soit parce qu’ils sont trop jeunes, soit parce qu’ils sont âgés . L’esclave travaille, mais l’esclavage ne se limite pas à cela, ne peut se définir uniquement par cela. Deuxième exemple, l’esclavage résiderait dans le droit de propriété d’un homme sur un autre. Sauf qu’à certaines époques ce droit de propriété n’existe pas comme nous l’entendons aujourd’hui et, qu’aujourd’hui, des formes d’esclavage existent alors qu’en droit il n’est théoriquement plus possible.
Comment, alors, définir l’esclavage? Peut-être en pensant l’esclave. Quatre éléments, à mon sens, en dessinent les contours.
Premier caractère : l’esclave est un Autre ou quelqu’un transformé en un Autre. On peut considérer ainsi celui qui appartient à une catégorie sociale jugée inférieure: les humiliores à la fin de l’Empire romain, les paysans de la Russie tzariste. Pour les anciens Grecs, l’Autre est le «Barbare» ne parlant pas leur langue. Parfois, c’est le non-coreligionnaire. Milieu social, langue, culture, religion… la liste des facteurs pouvant conduire à considérer des personnes comme radicalement différentes est longue. Les vecteurs de cette transformation en un autre radical sont nombreux. Il y a la violence, initiale, avec la capture, et la violence subséquente. Il y a le marché, qui fait passer l’individu de mains en mains. Il y a les rites dits «d’intégration» qui conduisent, par exemple, à affubler l’esclave d’un nom nouveau, donné par son maître. Dans tous les cas il ya arrachement à la société d’origine, désocialisation, déculturation, voire désexualisation (par la castration, par exemple) et, pour reprendre l’expression d’Orlando Patterson,«mort sociale». Même si cette mort est provisoire et partielle. D’une part parce que les maîtres tendent à lâcher du lest, afin de réduire les tensions inhérentes à tout système esclavagiste. D’autre part parce que l’esclave demeure toujours un homme, doté de libre arbitre et tentant de résister au carcan que lui impose son maître. Deuxième caractère : l’esclave est un homme possédé par un autre. Cette possession de fait n’est pas toujours inscrite dans le droit. Mais elle induit un élément essentiel : la médiation du maître. Le pouvoir d’État tente par-fois de s’immiscer dans les relations maîtres/esclaves, en promulguant par exemple des codes. Mais, de fait, c’est cette relation duale, maître/esclave, qui prédomine. L’esclave est possédé par son maître, dans sa totalité, en tant qu’individu.
Le troisième caractère renvoie à l’utilité de l’esclave, concept que j’emprunte à Max Weber. Comme le «capital», capable de changer de forme (être économique, symbolique, politique ou autre), l’utilité constitue un atout du fait de son pouvoir de conversion. L’esclave est l’homme, la femme ou l’enfant à tout faire. Et pas seulement celui ou celle dont l’utilité est la plus «productive» comme on le pense souvent à travers une lecture occidentale. L’esclave n’est pas seule-ment instrument de production. Il est aussi instrument de reproduction, de pouvoir et d’influence.
Le quatrième élément définissant l’esclave découle des trois premiers: …
…l’homme, la femme ou l’enfant considéré ou transformé en un autre, possession de fait, dans son intégralité, d’un autre homme, et à qui l’on peut tout demander, est un individu dont l’humanité peut être mise en sursis par son maître.
Ce dernier peut le considérer comme un animal que l’on chasse, marque et dresse. Il peut aussi le réifier. L’article 44 du Code noir français, de 1685, fait de lui un bien meuble, tandis que d’autres articles disent qu’il doit être marié à l’église; ce qui, à l’évidence, ne peut être le cas d’une table ou d’une chaise.Signe que ces esclaves demeurent tou-jours hommes, femmes ou enfants. D’abord parce qu’ils tentent de résister. Ensuite parce que s’ils n’étaient pas hommes, femmes ou enfants, ils ne seraient d’aucune utilité pour leur maître. Comme l’écrivait le sociologue Talcott Parsons, l’utilité de l’esclave en tant que propriété(je dirais possession) est qu’il est homme; l’utilité de l’esclave en tant qu’homme est qu’il est possédé par son maître. L’esclave est un homme frontière dont l’humanité reconnue dépend du bon vouloir du maître.
Ces quatre caractères sont susceptibles de se combiner différemment dans le temps et l’espace. Ici, le facteur de transformation d’un homme libre en esclave sera de nature religieuse. Là il sera plus socialement connoté.Dans telle société, les tâches confiées à l’esclave seront extrêmement larges, là plus réduites. Mais, partout, bien que combinés de manière différente, ces quatre critères dessinent les contours de la condition servile. En ce sens, on peut dire qu’il existe des systèmes esclavagistes divers. Mais que tous ressortissent d’un même mode de dépendance.
1.Charles Letourneau, L’évolution de la morale. Leçons professées pendant l’hiver 1885-1886 par Charles Letourneau, Président de la Société d’anthropologie, professeur à l’École d’anthropologie, Paris, A. Delahaye et E. Lecrosnier, 1887,pp. 182-183.
2.Marshall Sahlins,Âge de pierre, âge d’abondance, Paris, Gallimard, 1976 ; David Graeber,Dette : 5000 ans d’histoire,Paris, Les liens qui libèrent, 2013.
3.Christophe Darmangeat, Justice et guerre en Australie aborigène, Paris, Smolny, 2021.
4.Alain Testart, Les morts d’accompagnement (La servitude volontaire 1), Paris, Errance, 2004.
5.H. J., Nieboer, Slavery as an Industrial System, La Haye, M. Nijhoff, 1910.
6.Olivier Grenouilleau, Qu’est-ce que l’esclavage ?Paris, Gallimard, 2014, réédition folio janvier 2022.
7.Frédéric Régent,La France et ses esclaves. De la colonisation aux abolitions, 1620-1848, Paris, Grasset, 2007.
QU’EST-CE QUEL’ESCLAVAGE ? une histoire globale
D’Olivier Grenouilleau
Collection Folio Histoire Gallimard Parution : 06 janvier 2022. 8.60 euros