Article publié dans Histoire Magazine N°13
Dans le train qui les conduit de Paris à Pont-l’Abbé, Zabo raconte sa vie tumultueuse à la bretonne Klervi Stefan: la Guerre de Sécession, sa participation à la Commune de Paris et sa condamnation au bagne en Nouvelle-Calédonie… François Bourgeon achève ainsi sa série Les Passagers du vent, créée il y a 43 ans, qui constitue l’un des chefs d’œuvre de la bande dessinée. Le premier cycle raconte, à travers les aventures de l’héroïne Isabeau, le commerce triangulaire du XVIIIe siècle. Trente ans plus tard, Bourgeon poursuit sa série par un second cycle intitulé La petite fille BoisCaïman: en pleine guerre de Sécession, Isabeau prend soin de Zabo, sa petite-fille qui prône les valeurs conservatrices du Sud. En 2018, Bourgeon entame un troisième cycle intitulé Le Sang des cerises, traitant de la répression de «La Semaine sanglante», pendant la Commune et du bagne des femmes en Nouvelle-Calédonie. Ses idées pacifistes, féministes et anticolonialistes sont plus affirmées que jamais. Mais ce faisant, il délaisse l’aventure, qui faisait jusqu’ici l’attrait du scénario. Âgé de 77 ans, l’auteur n’a rien perdu de son art. Sa reconstitution (navires, bâtiments, vêtements, objets…) est toujours aussi minutieuse. Le graphisme à l’encre de chine est sublime. Les couleurs sont splendides.
“LES PASSAGERS DU VENT T.9 Le sang des cerises livre 2”
Éditions Delcourt 136 p. 2023 23.95€