La bataille Tome 1 et tome 2

Vouloir transposer en bande-dessinée un grand roman historique, en l’occurrence celui de Patrick Rambaud, constituait un défi. Pour le relever, les éditions Dupuis ont fait appel à Frédéric Richaud et Ivan Gil. Essai transformé. Le récit initial sera au final décliné en trois volumes dont le deuxième vient de paraître. Le premier volume nous avait mis l’eau à la bouche, le second tient ses promesses. L’évocation de la bataille d’Essling (mai 1809) est saisissante de réalisme et l’approche romancée autorise les auteurs à brosser des portraits hauts en couleur et à imaginer quelques rencontres de pure fiction. Les partis prix des auteurs emportent néanmoins l’adhésion. Ainsi, au gré des soubresauts de la grande histoire, on suit tout à la fois l’empereur, les grognards et les membres de l’Etat-major. Un choix vraiment intéressant qui permet de rendre compte de la réalité vécue par les uns et les autres. Quant au colonel Louis-François Lejeune, aide de camp du général Berthier, principale figure mise en avant dans ces deux volumes, son itinéraire personnel constitue le fil rouge du récit. Le choix de ce personnage s’avère judicieux. Après avoir fait ses premières armes à Valmy (1792), Lejeune semble être de toutes les campagnes menées sous le premier empire. Blessé en Espagne, fait capitaine après Marengo (1800) et chef de bataillon après Austerlitz (1805), il est colonel au siège de Saragosse (1808). Son amour pour les arts est l’autre facette de cette personnalité romanesque à souhait. On doit à Lejeune nombre de tableaux représentant les grandes batailles napoléoniennes. Après Essling (1809), il continuera de s’illustrer sur tous les grands théâtres d’opération, campagnes de Russie (1812) et d’Allemagne (1813), avant d’être autorisé à quitter l’armée (1813). Couvert d’honneur, on le verra encore servir dans l’armée (1818-1824), royale cette fois. Directeur de l’école des beaux-arts et de l’industrie de Toulouse, il s’éteint à plus de soixante-dix ans dans cette ville dont il fut aussi le maire (1841). L’idée de s’attacher à ses pas à Essling est d’autant plus justifié que sa qualité d’officier de liaison permet au lecteur d’avoir une vue d’ensemble de la bataille. Et quelle bataille, l’une des plus meurtrières assurément au terme d’une trentaine d’heures de combat, que décrit le second volume avec brio, mettant aux prises l’armée napoléonienne et les soldats autrichiens. Quant aux dessins, d’une grande précision dans les costumes, ils nous offrent de magnifiques paysages à admirer et ne manquent pas de souffle et d’ampleur pour nous entraîner au cœur des mouvements de troupe et des mêlées. Gageons qu’après ces deux premiers volumes, la trilogie terminée ne nous décevra pas et s’imposera comme une référence du genre.C.D.

La Bataille. De Frédéric Richaud (scénario) et Ivan Gil (dessins), tomes 1/3 et 2/3, éditions Dupuis, 2012 et 2013. Librement inspiré du roman de Patrick Rambaud, La Bataille, éditions Grasset et Fasquelle, 1997. Ouvrage récompensé du Grand Prix du roman de l’Académie française et du Prix Goncourt.

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