Propos recueillis par Eric Denécé pour Histoire Magazine
Régis Le Sommier vient de publier aux éditions Max Milo un livre intitulé Qui est le diable ? L’autre ou l’Occident ?, qui se classe déjà parmi les meilleures ventes sur Amazon. Le reporter de guerre, spécialiste des conflits du Moyen-Orient et d’Ukraine, ancien directeur adjoint de Paris Match et aujourd’hui directeur de la rédaction d’Omerta, y propose une réflexion essentielle sur la manière dont les Occidentaux manipulent, avec une partialité croissante, les notions de bien et de mal pour définir l’ennemi, perturbant profondément la perception des conflits internationaux.
Dans la majorité des conflits ayant succédé à la Guerre froide, on observe une tendance croissante à la réduction ad Hitlerum de l’adversaire par l’Occident, comme si Américains et Européens avaient besoin d’un surplus de légitimité pour s’engager dans la lutte contre ceux qu’ils considèrent comme étant un danger pour leurs intérêts. Cependant, est-ce quelque chose de si nouveau ?
Régis Le Sommier : Non, le fait de noircir l’image de l’autre a toujours été utilisé comme un outil de propagande et de manipulation dans les guerres. Mais j’observe sa systématisation depuis trois décennies, depuis l’Irak (1991) jusqu’à l’Ukraine (2022). Cela a été particulièrement frappant avec Saddam Hussein, Mouammar Kadhafi, et plus récemment avec Vladimir Poutine, lesquels ont pourtant été un temps considérés comme des alliés, ou tout au moins des partenaires des Occidentaux.