La fin d’un cauchemar

6 octobre 2025 | À la une

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La fin d’un cauchemar

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On ne devrait pas avoir à se réjouir de la liquidation judiciaire d’un groupe de presse. Pourtant, c’est avec un grand soulagement que j’ai appris que le groupe Entreprendre SA Lafontpresse est liquidé. Fini. Robert Lafont ( même son nom est une sorte de contrefaçon) qui en fut le fondateur, s’est éclipsé depuis quelques mois déjà, après avoir réussi à céder l’entreprise à un autre groupe. Celui-ci a conservé les recettes mises en place par l’ancien “Boss” et a fini par jeter l’éponge, peut-être parce que Lafont savait rester sur le fil, juste ce qu’il faut pour ne pas  tomber.

Depuis plusieurs dizaines d’années, Lafont s’était fait la spécialité de créer des produits concurrents de titres de presse phare, pour se placer dans le sillage de magazines populaires. Peu de groupes de presse ont échappé au « parasitage » commercial des magazines lancés par Lafontpresse copiant la signalétique du titre cible : nom, logo, couverture, et contenu donnant l’illusion d’être comme l’original. Le groupe du  Figaro était une de leurs cibles favorites, et notamment « Jours de France » qui fut plagié de toutes les manières par Lafontpresse, avec de multiples déclinaisons copiant la signalétique, et le nom.

Ma route a croisé celle de Robert Lafont en 2018. J’édite alors le magazine en numérique. Il me propose de sortir le magazine en version papier, son groupe se chargeant simplement de le faire imprimer et le faire distribuer en kiosque. Mais, rapidement les relations deviennent tendues, Lafontpresse ne respectant aucune des clauses du contrat.

Les choses se compliquent encore plus après la sortie des cinq premiers numéros. Le titre de presse réalise de bonnes ventes, gagne en notoriété, suffisamment pour que l’homme d’affaires ait envie de faire cavalier seul, sans avoir à partager les fruits de ce succès, ce qu’il n’a d’ailleurs pas commencé à faire vis-à-vis de son « associée ».  Lafont bloque alors la sortie du numéro 6 tant que je ne lui aurai pas cédé le nom.  Un bras de fer s’engage. Le distributeur presse ne veut rien entendre et m’empêche de distribuer mon magazine, il ne s’agit pas de contrarier un de ses meilleurs clients depuis des années, et s’abrite derrière une petite clause spécifiant que le transfert d’un titre doit se faire avec l’accord du premier éditeur, même si celui-ci n’a plus de contrat d’édition valable à faire valoir.  Me voilà contrainte d’engager une procédure pour récupérer la possibilité de distribuer la revue.

La recherche d’associés ou de soutien ne mène à rien.  Pot de terre contre pot de fer. Personne ne me voit remporter la procédure contre Lafontpresse, qui conserve malgré ses méthodes, ses bonnes relations et son entregent dans le milieu des éditeurs de presse, même si les critiques fusent à son encontre dans son dos. Le procès est gagné rapidement,  non sans avoir bloqué la sortie d’Histoire magazine durant plus de huit mois, mais entre-temps Lafont a lancé plusieurs titres de presse  plagiant la couverture et le logo d’Histoire Magazine : France patrimoine, et Spécial Histoire.

La couverture de ce dernier copie à s’y méprendre celle d’Histoire magazine. Mais le contenu est indigent. On y apprend notamment que Georges Guynemer et l’escadrille des Cigognes participent à la Seconde Guerre mondiale.  Affligeant. Et dévastateur pour l’image de notre revue, auprès de ceux qui assimilent notre titre aux publications du groupe Lafontpresse.

Lafont ne s’avoue jamais battu, et malgré la procédure perdue qui a fait plier le distributeur presse, il y conserve des soutiens internes qui ne nous rendent pas la tâche facile. La distribution de la revue est perturbée sur plusieurs numéros, induisant des pertes de trésorerie importantes.

Le parasitage commercial notamment au travers de Spécial Histoire n’a jamais cessé, jusqu’au dernier numéro paru au printemps dernier consacré à l’Égypte, qui constitue une apothéose.  En le feuilletant par hasard, je découvre que plus de 40 pages de la revue sont un copié-collé d’un numéro d’Histoire Magazine, textes, images, et même la mise en page. J’y apprends que je suis par ailleurs directrice de la rédaction de ce numéro. Contrefaçon, violation du RGPD, infractions de presse relevant de la loi du 29 juillet 1881, usurpation d’identité, des poursuites pénales sont possibles. Des années de procédures en perspective.  Seul un groupe de presse subventionné a les moyens de poursuivre sans relâche ces voyous. Pas nous.  Mais c’est fini pour Lafontpresse,  et ça, c’est une très bonne nouvelle.

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