« Dès le début du livre époustouflant de Simon Montefiore, on se croirait dans la première séquence du film de Sam Peckimpah, « The wild bunch ». Sauf qu’ici, en plein cœur de Tiflis, capitale du Caucase (actuelle Tbilissi, capitale de la Géorgie), ce ne sont pas des marshals et leurs adjoints qui attendent les hors-la-loi, mais l’inverse. Une trentaine de tueurs bolchéviques, tous subjugués par Joseph Staline qu’ils idolâtrent, planqués sur les toits des maisons ou derrière les vitrines des boutiques, se préparent à accueillir la Malle-poste qui vient livrer à la banque d’État l’équivalent de 3,4 millions de dollars en monnaie actuelle. Lorsque les cosaques qui encadrent le convoi et les employés de la banque surgissent, les bolcheviks entrent en action, sans se soucier des passants. Fusils, pistolets et grenades crachent leur mitraille. Résultat, 40 morts et une cinquantaine de blessés. Destiné à renflouer les caisses du parti, un coup comme celui — là, que Staline a mis des mois à organiser, est exécuté par des assassins sans état d’âme, à la tête desquels on trouve un tueur psychopathe, Kamo, totalement dévoué à son chef. Ce dernier veille vraisemblablement au grain quelque part dans la ville, d’autant que sa femme et son fils habitent à deux doigts du massacre dans une rue adjacente. Tout cela se passe le 1er juin 1907 vers 10 h 30 du matin. Le lendemain, la presse internationale condamne à l’unisson cette boucherie, mais Lénine n’en a cure, l’important pour lui étant que Staline a été à la hauteur et s’avère un adjoint de premier plan. Le 10, notre futur « petit père des peuples » quitte Tiflis avec femme et bébé, en route vers de nouvelles aventures, et bien sûr vers de nouveaux braquages.
Mais revenons en arrière. Le 6 décembre 1878. À Gori, naissance de Iosiff Djougachvilli, dit « Sosso ». Son père, Vissarion dit « Besso » est cordonnier. Sa mère, Ekaterina Gueladze dite « Keke » était parait-il très belle. Leurs deux premiers enfants ont été foudroyés par la maladie peu après leur naissance, ce qui a fait plonger Besso dans l’alcoolisme. Dans sa petite enfance, Sosso aimait les fleurs et la musique. De son côté, Besso se soûle de plus en plus et devient incapable de manier l’aiguille pour recoudre les chaussures, se délestant de sa part de travail sur ses apprentis. Keke se rend bien compte que son mari est « détruit » par la boisson, mais la vénération qu’elle porte à Sosso la console. Besso, désormais surnommé « le Dingue », raconte à son fils des histoires de brigands détroussant « les princes pour secourir les paysans », une idée qui fera son chemin.
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